Le bilan du 3e plan de sécurité du patient de l’agence pour la qualité des soins américains (AHRQ)

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                et la sécurité du patient

Le bilan du 3e plan de sécurité du patient de l’agence pour la qualité des soins américains (AHRQ)

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  • Un soignant prend le pouls d'une patient en salle de réanimation - MACSF

L’agence nationale américaine pour la qualité des soins (AHRQ) vient de publier les résultats de son 3e plan d’amélioration de la sécurité du patient initié en 2021 (Making Healthcare Safer). Le plan a permis de récupérer des données fiables sur la réalité des bonnes pratiques de sécurité, les facteurs contextuels favorisant ou freinant leur adoption, sans oublier les conséquences parfois inattendues de leur déploiement.

Auteur : le Pr René AMALBERTI, Docteur en psychologie des processus cognitifs, ancien conseiller HAS / MAJ : 12/11/2024

Retour sur le plan précédent de sécurité du patient : beaucoup de résultats positifs mais des limites aussi

Le second plan, daté de 2013, avait permis d’ancrer plusieurs améliorations de la sécurité du patient, notamment en travaillant les documents et démarches de Qualité pour les rendre plus compréhensifs et faciles à adopter sur le terrain à grande échelle (AHRQ’s Comprehensive Unit-based Safety Program). 

L’AHRQ avait aussi développé un autre axe sur la culture de sécurité comme support commun nécessaire au parcours de soins et aux multiples transferts du patient d’un centre, et d’une équipe hospitalière, ou d’un soignant isolé à un autre. 

Les progrès avaient été marqués dans cette logique sur la prévention des infections, ou encore la prise en charge des escarres dans les maisons de repos et soins de suite.

Le 3e plan : le choix d’une démarche plus intégrée sur le parcours de soins et plus contextualisée

L'organisme assurantiel d’état de couverture des frais (Medicare-Medicaid) a utilisé plus intensivement les bonus financiers depuis 2021 pour réduire le risque associé aux soins en favorisant les bonnes pratiques. L’idée générale est de récompenser la Qualité des soins plutôt que le volume, en proposant une prime à l’hospitalisation du patient au bon moment et bon endroit, ou encore à la pratique d’une bonne coordination dans le parcours de soins.

Mais cela ne suffit pas. L’idée d’en venir à un renforcement de la cohérence globale sur les priorités des uns et des autres, et d’accepter une adaptation de l’action sur la Qualité selon le contexte est devenue une évidence complémentaire du plan.

Bien des bonnes pratiques sont devenues irréalisables dans leur version "la même et unique pour tous" en raison : 

  • la multiplication de nouveaux contextes de terrain caractérisés souvent par une complexité accrue du soin et des patients (âgés, fragiles) ;
  • une pression temporelle et de la patientèle ;
  • et plus que tout un manque chronique de personnels, etc. 

Une partie du travail a d’abord consisté à faire connaître des bonnes pratiques déjà bien installées - comme souvent dans les soins intensifs - à des secteurs moins utilisateurs comme les transitions dans le parcours de soins.

On a aussi promu plus fortement et plus largement des solutions locales adaptatives et contextuelles robustes proposées par  "des champions" qui les avaient trouvées pour effectuer des soins de bonne Qualité malgré les conditions difficiles. 

On retrouve par exemple dans ces initiatives le fait de "garder la priorité sur le patient" sur "l’administratif" ("put patients first"). On peut citer les initiatives promues par Medicare Medicaid (CMS-Center for Medicare-medicaid Services) en conditions de surcharge pour privilégier la meilleure qualité de soin possible sur le patient, quitte à limiter la traçabilité lourde et exhaustive de tout acte - CMS’s Patients over Paperwork initiative).

Une priorité officiellement préconisée de préservation de la qualité des soins au détriment des taches administratives

Au total, ce 3e plan de sécurité du patient est fondé sur la recommandation d’adoption d’un nouveau cadre de travail construit autour de trois piliers : 

  • Mettre le patient au centre du soin et de ses priorités.
  • Accepter l’idée que le risque médical est partout, et constant, et doit donc mobiliser une attention continue.
  • Proposer des initiatives de sécurité qui réduisent les risques passés (connus) et futurs/émergents/nouveaux.

La clé de ce cadre de travail est de prendre le patient dans la totalité et continuité de son parcours de soin, avec les risques inhérents à chaque étape, et leurs liens aux risques suivants pour les étapes d’après. 

Le cadre couvre aussi le besoin de réduire les disparités et vulnérabilités inhérentes aux caractéristiques géographiques et éducationnelles des patients, en adaptant la démarche de qualité de façon la plus contextuelle et particulière possible au patient concerné, autant que nécessaire pour être compris et suivi. Chaque parcours de soins peut alors se décrire comme une suite de zones à risques ("harm areas") qu’il faut coordonner et partager entre professionnels intervenant sur ce parcours.

Le bilan et rapport du déploiement de ce 3e plan sécurité du patient de l’AHRQ montre le bien-fondé de l’approche et l’importance de bien prendre en compte 5 risques majeurs récurrents, à coordonner encore mieux dans le parcours pour améliorer le risque global : 

  • le risque médicamenteux, 
  • le risque infectieux, 
  • le risque des soins quotidiens infirmiers, 
  • les erreurs et retards diagnostiques - et de mauvaise transmission de résultats -, 
  • et le risque de plusieurs procédures particulières.

Le rapport couvre ainsi 47 bonnes pratiques et 17 risques/familles particuliers d’événements indésirables, parmi lesquels les pratiques de "déprescription", d’équipe d’intervention rapide dans les hôpitaux, de prévention des infections, etc.