La définition de la sécurité du patient est un sujet qui a toujours été polémique, balancée entre technicité et émotion. Mais le pire est encore à venir si rien n’est fait.
La sécurité est une science établie, qui n’a rien de spécifique quand on l’applique à la médecine.
Elle repose sur :
Ils obéissent aux mêmes logiques :
Dès les années 90, la sécurité des soins a fait siens tous ces fondamentaux et théories provenant de la sécurité industrielle, en commençant par des outils comme :
Alors que la démarche scientifique est fondamentalement rationnelle, le côté émotionnel entre en compétition avec la rationalité dans la compréhension intuitive de la sécurité du patient qu’ont les patients eux-mêmes. Avec tout ce que cela peut comporter de jugement subjectif personnel sur le ressenti par les uns et les autres.
Plusieurs articles récents (Lyndon 2023 ; Barrow 2022) insistent pourtant sur ce côté émotionnel en disant qu’il est trop mis en danger et oublié par les approches rationnelles et systématiques de sécurité. Ces articles se basent sur des entretiens avec les patients (en Angleterre) et soulignent que la sécurité, pour ces patients, est d’abord un "ressenti" avant d’être "une réalité démontrée".
De ce fait, pour ces auteurs, les progrès de sécurité passent d’abord par construire un monde, une organisation, une prise en charge dans lequel :
Ce point est considéré comme si important qu’il doit prendre le pas, selon ces auteurs, sur les approches classiques en matière de sécurité des soins.
D’un côté une sécurité "froide", technique, développée dans l’industrie, qui se donne pour moteur de réduire la fréquence et les conséquences objectives des événements indésirables, particulièrement les événements les plus graves.
D’un autre côté, la médecine est un monde de souffrance et le regard sur le risque est naturellement plus compassionnel, émotionnel. On ne peut pas nier cette dimension, mais elle échappe totalement à la science de la sécurité, et pour être honnête, interagit plutôt négativement avec la réalité scientifique.
A lire aussi Signalement des presqu'accidents (near-misses) : des résultats moins évidents et utiles que prévus > |