Les risques d’ingestion ou d’inhalation de corps étrangers sont parfois évoqués en dentisterie mais rarement de façon « scientifique ».
Une revue de questions récente fait le point sur la fréquence et les conséquences ; on peut être surpris par le nombre de publications qui touchent de près ou de loin cette complication.
Bien que le premier groupe de patients concernés par l’inhalation ou l’ingestion de corps étrangers soit des enfants en bas âge, il est surprenant d’apprendre que le deuxième groupe concerne des personnes ingérant ou inhalant des prothèses adjointes partielles, des instruments pendant les soins chez le dentiste ou encore des prothèses dentaires qui devraient être fixes ! La littérature est très disparate sur le sujet, et on s’aperçoit que la dentisterie englobe entre 3 et 27% de ce type de complications.
Fort heureusement, l’ingestion est plus fréquente que l’inhalation. Cependant, la morbidité n’est pas nulle lors d’ingestion d’instrument (1% des instruments ingérés peuvent causer des blessures dans le système digestif) et les auteurs rapportent un cas rare de décès. Les signes cliniques varient en fonction de l’endroit où le corps étranger est bloqué : dysphagie et vomissement pour l’œsophage, douleur au ventre, fièvre, température pour la partie basse du système digestif. Bien que les complications de ce type soient peu fréquentes, il faut être à l’écoute des symptômes qui peuvent, soit apparaître rapidement après l’ingestion, soit demander quelques jours pour se manifester. Bien entendu, il ne faut pas hésiter à référer le patient chez un médecin en cas de doute.
Pour l’inhalation, les choses sont plus graves. Même si la majorité des patients expectorent les objets immédiatement, il faut réagir immédiatement. Il faut tout de suite l’aider à se débarrasser du corps étranger. Si l’obstruction est totale, le délai pour réussir la manœuvre de dégagement n’excède pas 4 à 6mn !
Passé ce délai, le risque de lésions cérébrales irréversibles est réel.
Si le moindre doute subsiste sur la voie prise par le corps étranger, il faut absolument faire des radiographies pour le localiser. Les auteurs proposent des « trucs » pour mieux visualiser des objets ingérés non radio-opaques.
A la fin de leur article les auteurs listent les précautions à prendre pour éviter ou limiter le risque d’ingestion ou d’inhalation.
Source : Uday Kumar Umesan, Kui Lay Chua, Priya Balakrishnan
Prevention and management of accidental foreign body ingestion and aspiration in orthodontic practice. Ther Clin Risk Manag. 2012; 8: 245–252.