Il est toujours bon d’ouvrir ses lectures à des journaux un peu éloignés de son cœur de métier.
Ce mois-ci, je vous propose de découvrir un article d’un journal d’économie qui s’inscrit dans un courant de publication assez important et convergent sur les liens existant entre management et risques professionnels.
Dans le détail, il s’agit d’établir les rapports entre les objectifs et primes de performances des managers et le risque au travail.
L’article examine la relation entre la sécurité au travail dans plusieurs industries et les objectifs de performances et primes associés donnés aux managers.
L’étude montre un lien très significatif entre l’augmentation du risque et de la fréquence des accidents de travail et maladies professionnelles dans les compagnies qui forcent les objectifs de leurs managers, par rapport aux compagnies qui décident d’objectifs de performance plus standard.
Cette aggravation des risques résulte des décisions des managers qui veulent obtenir leurs primes maximum et qui conduisent généralement à une surcharge de travail pour leurs personnels et à une réduction significative des dépenses de maintenance et d’investissements de sécurité.
Ce qui surprend est l’étendue de la preuve. Des dizaines d’études et d’articles très sérieux sont convergents sur ce résultat.
Les données sont issues du Occupational Safety and Health Administration (OSHA) sur la période 2002-2011 : 1 employé sur 24 est accidenté dans les compagnies qui pratiquent une politique d’objectifs individuels sans cesse plus élevés avec primes ; ce chiffre passe à 1/27 dans les compagnies qui mettent moins la pression sur leurs cadres.
Caskey J., Ozel B. Earnings, expectations and employee safety, Journal of Accounting and Economics, 63 (2017), 121-141