Cellulite faciale suite à un traitement pré-implantaire traitée par mail

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Cellulite faciale suite à un traitement pré-implantaire traitée par mail

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  • Une femme dentiste pratique des soins sur une patiente - La Prévention Médicale

Une patiente se rend chez un praticien pour un lambeau déplacé apicalement. Le lendemain, elle présente un œdème facial et en informe le chirurgien-dentiste par e-mail. 

Auteur : Dr Héléna DEHARVENGT, Chirurgien-dentiste / MAJ : 30/05/2023

Cas clinique

Une patiente de 60 ans est adressée pour un traitement parodontal pré-implantaire en juin.

Le questionnaire médical ne relève aucune pathologie. La patiente n’est pas fumeuse. Aucune prise médicamenteuse n’est retrouvée à l’interrogatoire.

Le praticien réalise des détartrages et curetages en juin.

En septembre, le praticien propose un lambeau déplacé apicalement. L’intervention est réalisée à la date prévue, sans incident peropératoire. La patiente décrit des suites douloureuses. Le lendemain elle se réveille avec une tuméfaction de la face. Elle appelle le cabinet et tombe sur le répondeur qui indique le nom d’un cabinet à contacter en cas d’urgence et donne une adresse mail pour communiquer avec le praticien.

La patiente adresse un mail à 9 heures puis transmet vers 12 heures des photographies de l’œdème facial.

Le praticien prend connaissance du mail dans l’après-midi et adresse par retour une ordonnance d’antibiotiques.

La patiente explique qu’ayant reçu cette ordonnance en soirée elle n'a pu se rendre à la pharmacie (qui était fermée). Ce n’est donc que le lendemain qu'elle tente de se procurer les antibiotiques, mais la pharmacienne garde l’ordonnance et l'adresse à l'hôpital où elle séjournera 6 jours du fait de l'évolution d'une cellulite.

Elle reproche au praticien une prise en charge tardive.

Analyse

Ce matériel est réservé à un usage privé ou d'enseignement. Il  reste la propriété de la Prévention Médicale, et ne peut en aucun cas faire l'objet d'une transaction commerciale.

Résultat de l’expertise

L’expert judiciaire a conclu qu’il n’existait pas de manquement.

Les suites de ce type d’intervention sont habituellement simples et il n’est pas recommandé d’antibiothérapie prophylactique.

Le comportement de la patiente est prudent dans un premier temps car dès 9 heures du matin elle appelle le cabinet pour signaler des suites anormales. Le praticien qui n’est pas à son cabinet délivre une ordonnance par mail que la patiente reçoit en début de soirée alors que la pharmacie vient de fermer selon ses propos.

Nous pouvons nous interroger sur la pertinence du moyen de communication (le mail) entre la patiente et le praticien. Il est loisible de penser que l’absence de communication orale a joué un rôle dans le "retard" de prise en charge. En effet :

  • Dans ce dossier chaque intervenant a pris connaissance du mail de façon tardive alors qu’une discussion permet une information instantanée. Il faut observer que même si la patiente avait appelé un confrère pour un rendez-vous en urgence, il est possible que ce dernier lui donne un rendez-vous dans l’après-midi voire en soirée. Au mieux le praticien aurait pu alerter la patiente du caractère urgent d’une prise en charge.
  • La patiente n’a pas eu connaissance que la prise d’antibiotique était absolument nécessaire. Au lieu de se rendre à la pharmacie de garde, elle préfère attendre le lendemain pour se procurer les antibiotiques
  • Enfin, la patiente a décrit des douleurs importantes. Au cours de l’expertise on apprend que quelques temps avant l’intervention elle avait souffert de lombalgies qui ont été soulagées par des anti inflammatoires (lesquels ?) lui avaient été prescrits. Il est possible qu’elle se soit automédiquée lorsque les douleurs maxillaires ont débuté. Un échange oral pouvait permettre d’émettre quelques recommandations.

A noter que la sécurité sociale informée du litige a reproché au praticien la délivrance d’une ordonnance sans examen médical, alors que la patiente avait été vue la veille.

Dans ce cas clinique, le praticien a fait plus que ce qui était prévu initialement dans la mesure où il prend connaissance de ses mails professionnels et tente une prise en charge de la patiente alors qu’il est en congé et que son répondeur indique le numéro d’un confrère à consulter en cas d’urgence. Toutefois, un échange oral et direct aurait été plus efficace et plus sûr.

Références
Kouassi, Y.M., et al., Microbiology of facial cellulitis related to dental infection. Med Mal Infect, 2011. 41(10): p. 540-5.
AFSSAPS, Prescription des antibiotiques en odontologie de stomatologie.
Recommandations. Les cahiers de l'ADF, 2003. 16.
Herrera, D., et al., Antimicrobial therapy in periodontitis : the use of systemic antimicrobials against the subgingival biofilm. J Clin Periodontol, 2008.
GORIN, C., et al., Le questionnaire médical en odontostomatologie : nécessité, applications, obligations. Actual. Odonto-Stomatol., 2011(253): p. 19-37.
HAS, Classification des évènements indésirables associés aux soins (EIAS) rencontrés hors établissement de santé. 2015.
Amalberti, R. and J. Brami, 'Tempos' management in primary care: a key factor for classifying adverse events, and improving quality and safety. BMJ Qual Saf, 2012. 21(9): p. 729-36.
Galam, E., Systèmes, tempos et complexité. 2012