Une femme âgée de 74 ans est adressée par son médecin traitant à un gastroentérologue pour une diarrhée intermittente depuis plusieurs années avec deux épisodes récents d’hémorragie digestive basse de sang rouge...
Saisine de la CRCI le 8 octobre 2007 par la patiente pour obtenir l’indemnisation du préjudice qu’elle avait subi.
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L’expert, - chef de service de chirurgie générale et digestive - estimait que l’indication de la coloscopie était justifiée. Mais, il soulignait que la patiente n’avait pas été informée des risques de l’examen. Toutefois, la survenue d’une perforation intestinale percoloscopique n’était pas considérée comme une faute dès lors que les règles de l’examen avaient été respectées, ce qui était le cas.
En revanche, selon l’analyse de l’expert, il existait un ensemble d’arguments pour juger que la conduite du médecin traitant avait été fautive : interrogatoire insuffisant, examen insuffisant, manque de moyens dans la recherche de la cause des symptômes de la patiente. Il aurait dû proposer une hospitalisation pour bilan.
En ce qui concernait le gastroentérologue, sa conduite avait, également, été fautive car le tableau clinique, le soir de l’admission à la clinique, évoquait, avant tout autre diagnostic, une perforation intestinale. Il aurait dû, en urgence, faire pratiquer un examen tomodensitométrique (qui était réalisable à la clinique le soir même) et faire venir le chirurgien de garde pour qu’il examine la patiente.
Quant à l’urgentiste, l’expert lui reprochait ’administration de morphine devant une suspicion d’abdomen chirurgical : « (…) Quand bien même l’intensité de la douleur amènerait à faire une injection de morphine, cela devrait conduire IMMEDIATEMENT à s’interroger sur la cause d’une telle douleur, et non à poursuivre aveuglément un traitement par la morphine, dont la « seule vertu » est de masquer la douleur et de donner un aspect trompeur au tableau clinique (…) » Par ailleurs, il estimait que la conduite de l’urgentiste pendant la nuit avait été passive. Il n’avait pris aucune décision appropriée avant 06h15, au mieux. L’expert rappelait que : « (…) Même si le gastroentérologue n’avait pris aucune décision active pour la nuit, tout médecin restant responsable de ses actes, les clignotants au rouge auraient dû faire réagir l’urgentiste (…) »
Selon l’avis de l’expert, le gastroentérologue n’ayant pas rappelé le chirurgien de garde pour le tenir au courant du résultat des radiographies d’abdomen sans préparation ou de l’état clinique de la patiente, on ne pouvait reprocher à ce dernier, un attentisme exagéré.
A partir de la prise en charge de la patiente par l’anesthésiste-réanimateur, l’expert déclarait ne pas avoir de remarques à faire et notamment, qu’aucune carence d’organisation ne pouvait être reprochée à la clinique.
Avis de la CRCI (juillet 2009)
La CRCI retenait l’ensemble des conclusions des experts, en ajoutant que, certes la patiente n’avait pas été informée des risque de la coloscopie, mais « (…) Devant une suspicion de cancer, il n’est guère plausible que, même parfaitement informée sur les risques possibles et notamment de perforation, la patiente eût pu refuser un geste aussi utile au diagnostic de ses troubles intestinaux, pour la seule considération d’une complication de réalisation aussi exceptionnelle, si l’on en juge par les statistiques de fréquence mentionnées dans le rapport (2/10 000) (…) »
Au final, la CRCI retenait la responsabilité du médecin traitant, du gastroentérologue et de l’urgentiste et décidait qu’il appartiendrait à leurs assureurs respectifs, dans la limite d’un tiers chacun, de faire une offre d’indemnisation à la victime.