Une illustration des risques péri-opératoires le week-end et des défauts de coordination entre chirurgien et anesthésiste (failure to rescue).
Saisine de la CRCI, en mai 2013, par les ayants droits du patient pour obtenir
l’indemnisation du préjudice qu’ils avaient subi.
JUGEMENT
Expertise (décembre 2013)
Pour les experts, l’un chirurgien viscéral exerçant en libéral et l’autre, praticien hospitalier en anesthésie-réanimation, la séquence chronologique était la suivante : « (…) une occlusion postopératoire dont la persistance avait conduit à l’accumulation de liquide.
Les experts rappelaient que : « (…) La paralysie de la motricité intestinale est un événement constant après chirurgie abdominale. On parle d’iléus postopératoire dont la durée est en règle inférieure à trois jours. La voie cœlioscopique permet, en règle, de diminuer la durée de l’iléus à 24 heures. Au-delà de ce délai, se pose le problème de son origine, simple occlusion fonctionnelle prolongeant l’iléus ou bien occlusion symptomatique d’une complication intra-abdominale (péritonite, bride ou adhérence, hernie interne) …
Chez le patient, le diagnostic d’occlusion intestinale était acquis dès le samedi 31/03/2012) (J3) en raison d’une distension abdominale, de l’absence de gaz et de cinq vomissements dont trois qualifiés d’une odeur fécaloïde. Cette occlusion s’accompagnait d’une tachycardie, un premier signe de sa mauvaise tolérance. A cette date, la mise en place d’une sonde gastrique s’imposait : elle aurait permis de réduire le contenu de l’estomac, voire de le vider, diminuant ainsi le risque de vomissement ou en limitant l’abondance. Le patient était devenu essoufflé dans la soirée du 31/03/2012. Il l’était encore le 01/04/2012 (J4) toute la journée (même s’il avait pu déambuler), et aussi le02/04/2012 (J5) au matin : c’était à chacun de ces moments un argument supplémentaire pour mettre en place la sonde gastrique car cet essoufflement traduisait la mauvaise tolérance clinique de l’occlusion. La mise en place de la sonde a été ʺ tentéeʺ tardivement alors que l’estomac était en grande distension provoquant un vomissement de grande abondance avec les conséquences que l’on sait (…) »
Les experts en déduisaient que : « (…) Le patient n’avait pas bénéficié d’une surveillance postopératoire attentive et diligente. Le fonctionnement de l’équipe médicale devait être critiqué :
Pour les experts, la perte de chance d’éviter l’inondation bronchique en posant une sonde naso-gastrique le 31 ou au plus tard le 2 avril au matin, était de 80 %.
Cette perte de chance était imputable pour :
En revanche, ils estimaient que : « (…) La responsabilité de la clinique ou du centre hospitalier où le patient avait été transféré, n’était pas engagée car on ne pouvait mettre en évidence aucun dysfonctionnement de ces deux établissements dont le personnel soignant n’avait , par ailleurs, commis aucun manquement(…) »
Avis de la CRCI (février 2014)
La CRCI reprenait, en tous points, les conclusions des experts.
Dans le cas rapporté, si, dès l’appel téléphonique de l’infirmière pour signaler les vomissements à odeur fécaloïde du patient (samedi après-midi), une sonde d’aspiration gastrique avait été mise en place, geste éventuellement suivi d’un examen TDM abdominal si l’état du patient ne s’était pas rapidement amélioré, avec une possible réintervention en fonction des résultats de l’examen radiologique, le patient aurait vraisemblablement survécu.
Le lundi après-midi, les mêmes actes (pose d’une sonde d’aspiration gastrique, examen TDM abdominal, réintervention) n’ont pu empêcher le décès du patient car ils ont été mis en œuvre 48 heures après l’apparition des signes cliniques qui permettaient d’affirmer le diagnostic d’occlusion.
Bibliographie
GHAFERI A A, BIRKMEYER J D, DIMICK J B. Variation in hospital mortality associated with inpatient surgery. N Engl J Med 2009; 361 : 1368-75
https://umchop.org/pdf/variations/variation.pdf
GHAFERY A A, BIRKMEYER J D, DIMICK JB. Complications, failure to rescue, and mortality with major inpatient surgery in medicare patients. Ann Surg 2009; 250 : 1029- 34
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