Une belle illustration du modèle des TEMPOS dans la gestion des risques liés aux soins.
Un nouveau cas sur le retard diagnostique d'un accident vasculaire cérébral, qui pose des questions sur la prise en charge en médecine générale de ces AIT (accident ischémique transitoire) trop longtemps négligés...
A noter que ce cas est assez ancien (2000) et que les référentiels de bonnes pratiques ont évolué depuis… mais pas sûr qu’il ne serait plus susceptible de survenir.
• Patient de 49 ans. Dans les antécédents, notion d’une hypercholestérolémie et vraisemblablement d’un alcoolisme chronique.
• En novembre 2000, survenue de plusieurs épisodes de flou visuel, parfois accompagnés de paresthésies du membre supérieur gauche.
• Le 5 décembre, ce patient consulte son médecin traitant qui note dans son dossier : « Depuis 2 mois, crise de diminution de la vision latérale à G, survenant à la fatigue et depuis qq temps accompagnée d’une SENSATION DE PESANTEUR DU BRAS G. A l’examen : réflexes pupillaires + .Pas de paralysie oculo-motrice. Pas de diminution de la FM. Pas de troubles sensitifs à la douleur, ni au diapason. TA : 140 / 70. Examen abdominal RAS… Bilan biologique ».
• Nouvelle consultation le 11 décembre : « Toujours impression de bras G engourdi de manière intermittente. TA / 140 / 70 à D et 120/ 70 à G. Examen neurologique identique à celui du 5 décembre. Conseils : régime. Cholstat® 0.1 . Doppler vasculaire ? Scanner cérébral ? »
• Le 13 décembre, un fond d’œil est réalisé et considéré comme normal de même qu’une échographie abdominale.
• Le 15 décembre, au réveil, le patient dit « s’être littéralement trainé aux toilettes » du fait d’une paralysie du membre inférieur gauche qui aurait duré environ une demi-heure. Il appelle son médecin traitant tôt le matin qui lui conseille de venir le voir. Le patient ne se rendra pas à cette consultation, car il partira travailler (cadre commercial) à distance de son domicile et rentrera (trop) tard à son domicile.
• Le 17 décembre, dans la matinée, surviennent deux épisodes déficitaires du membre inférieur gauche, régressifs, puis, vers 15 h, une hémiplégie gauche motivant l’appel du médecin traitant. Ce dernier fait appeller le SAMU qui organise un transport héliporté vers le CHU.
• A l’admission, le patient est conscient mais porteur d’une hémiplégie gauche complète intéressant la face, le membre supérieur et le membre inférieur gauches
• L’examen scanographique révéle une hypodensité dans la zone capsulaire interne droite. Une perfusion d’héparine est mise en route en début de soirée.
• L’enquête ne révéle pas de cardiopathie emboligène, ni de sténose ou de thrombose des artères carotides et vertébrales. L’échographie cardiaque est en faveur d’une cardiomyocardite ischémique. Une angiographie par IRM met en évidence des lésions de l’artère sylvienne droite.
• Le 9 janvier 2001, le patient est transféré dans un centre de rééducation. On note au cours de ce séjour une récupération progressive des déficits sauf au niveau de la main gauche. Le patient regagnera son domicile le 18 avril. En octobre 2002, son traitement associait Plavix®, Tahor®, Topalgic ®et Deroxat® ainsi qu’une rééducation chez un kinésithérapeute à raison de 5 séances par semaine.
Expertise (octobre 2002)
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