L’exemple d’une mauvaise coordination dans le suivi de grossesse : une femme accouche normalement d’un enfant de sexe masculin qui va s’avérer le lendemain porteur d’une méningite néonatale à streptocoque B. On découvre que les examens réalisés pendant la grossesse montraient déjà l’infection mais leur exploitation a été mal gérée… par tous les professionnels.
L’existence d’une seule infection urinaire à streptocoques est considérée comme un risque majeur pour la transmission d’infection materno-foetale. Les experts rappellent que du seul fait qu’il y ait eu une seule infection urinaire streptococcique diagnostiquée chez la mère pendant la grossesse et, même si l’accouchement se déroule normalement sans qu’aucune symptomatologie d’appel d’ordre infectieux ne se manifeste, une antibiothérapie préventive du per partum est indiquée.
Toute infection streptococcique chez la mère même sans notion d’un portage vaginal au terme de la grossesse doit nécessiter cette antibioprophylaxie.. Outre ce traitement préventif , une prise en charge pédiatrique immédiate à la naissance doit avoir pour but de dépister les signes précoces d’infection du nouveau-né. Le pédiatre doit être averti à l’avance afin d’être présent au moment de la naissance. La présence de streptocoque B dans les urines aurait dû inciter l’obstétricien, d’une part à le mentionner dans le dossier obstétrical à la rubrique « pronostic de l’accouchement » afin de prévoir une antibioprophylaxie et, d’autre part, d’alerter préventivement l’équipe de pédiatrie afin de prendre en charge l’enfant dès la naissance, en vue de réaliser les examens cliniques et biologiques en raison du risque infectieux, conformément à la bonne pratique et afin de décider de la conduite à tenir chez l’enfant.
Le dommage imputable est limité aux souffrances endurées, évaluées à 3/7.
Les magistrats, reprenant les termes du rapport d’expertise, concluent qu’en ne traitant pas préventivement la mère lors de l’accouchement compte tenu des antécédents qu’il
connaissait et en ne signalant pas ces antécédents à l’équipe de pédiatrie, l’obstétricien engageait sa responsabilité dès lors que ce défaut de soins n’a pas permis de prévenir ou de
traiter efficacement l’infection avant qu’elle entraîne la méningite dont a été atteint l’enfant.
Dans la mesure où l’expert avait noté qu’avec un traitement normalement adapté, l’enfant avait une forte probabilité –proche de 100%- d’éviter d’être atteint de méningite, c’est une
réparation intégrale du préjudice auquel est condamné l’obstétricien.
En revanche, le tribunal décide qu’il ne peut être reproché à la clinique de manquement à sa propre obligation de soins, dès lors que les actes omis, à l’origine du préjudice, relevaient
de la compétence, et donc de la responsabilité, du médecin et non de celle du personnel de la clinique.
Indemnisation : 32 857€