Un chien de deux ans croisé fox-terrier fait une chute le lendemain de Noël alors qu’il est avec ses maîtres en province pour le temps des fêtes. Conduit en urgence chez le vétérinaire de proximité, celui-ci diagnostique à l’examen clinique une fracture de l’antérieur droit.
Un cliché radiographique de face et un de profil sont effectués sous anesthésie. Seule une fracture distale de l’ulna est diagnostiquée. Un pansement de Robert-Jones est mis en place pour une durée annoncée d’un mois. Un anti-inflammatoire non stéroïdien est prescrit.
Aucun contrôle du pansement n’est prévu, ni après 48h, ni chaque semaine.
Les propriétaires rentrent chez eux en région parisienne. Le chien se plaint un peu mais les maîtres n’y prêtent guère attention au début.
Le 10 janvier, environ 3 semaines après, l’animal est examiné en urgence par un vétérinaire à domicile qui constate une boiterie sans appui du membre, lequel est très douloureux avec présence d’un œdème proximal et distal. Il constate également un suintement entre les doigts, une macération, une plaie qui saigne au niveau du carpe, deux plaies au niveau du coude. Des premiers soins sont prodigués.
Le relais est pris par le vétérinaire habituel qui tente de sauver le membre par un suivi quotidien pendant une semaine. Une nouvelle radiographie met en évidence alors deux autres fractures, une du radius et une de l’ulna, proximales celle-ci.
Finalement, l’amputation s’impose. Elle est réalisée dans un centre hospitalier vétérinaire. Les suites de l’amputation sont normales, le chien guérit.
Le propriétaire de l’animal met en cause la responsabilité civile du vétérinaire ; à l’issue d‘un processus amiable très rapide, il est indemnisé.
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L’organisation du cabinet vétérinaire mixte en zone rurale doit amener chaque praticien à confronter à l’opinion de ses associés les cas examinés, notamment en garde, pour les espèces dont on a moins l’habitude.
Se montrer exigeant sur la qualité des clichés radiographiques.
En cas de doute sur la lecture, forcément attentive, d’un cliché, demander l’avis de ses confrères associés, y compris de façon différée (pratiquer le contrôle croisé).
Ne pas hésiter à mettre en place un pansement de Robert-Jones dans de bonnes conditions de sédation et donc d’immobilisation de l’animal. Cette technique n’est pas en cause ici.
Ne jamais perdre de vue que la surveillance du pansement est fondamentale.
L’utilisation d’un pansement comme seul mode d’immobilisation d’une fracture est très restreinte.
Considérer aujourd’hui l’information donnée au client comme fondamentale : la donner par oral et ne pas hésiter à la compléter par écrit (bénéfice/risque, surveillance nécessaire, signes d’alerte et coordonnées du praticien à contacter).
En savoir plus : Garnier E. Le pansement de Robert-Jones chez le chien et chez le chat, Le Point Vétérinaire, n° 222, janvier-février 2002.