Sarcome des tissus mous sur une cicatrice opératoire chez une chienne

Tout sur la gestion des risques en santé
                et la sécurité du patient

Sarcome des tissus mous sur une cicatrice opératoire chez une chienne

  • Réduire le texte de la page
  • Agrandir le texte de la page
  • Facebook
  • Twitter
  • Messages0
  • Imprimer la page
  • Chienne golden retriever allongée dans l'herbe - La Prévention Médicale

Il est difficile de faire admettre à un propriétaire d’animal qu’il n’existe pas de lien de causalité entre une intervention chirurgicale de convenance et l’apparition, dans les suites, d’une pathologie tumorale. Instaurer une relation de confiance avec le propriétaire s’avère d’autant plus important.

Auteur : le Dr Michel Baussier, Docteur vétérinaire / MAJ : 24/09/2024

Cas clinique

Une chienne de race Golden Retriever est stérilisée à six mois par ovariectomie, l’intervention précoce étant notamment motivée par la prévention des cancers mammaires. L’abord est réalisé par les flancs.

Les points sont retirés dix jours plus tard. 

Une semaine après le retrait des points, une petite suppuration est signalée en partie ventrale d’une des deux cicatrices, à gauche ; des soins locaux sont réalisés et dix jours plus tard ne subsiste qu’une petite induration nodulaire de 3 mm de diamètre.

Vingt mois après l’ovariectomie, la chienne est présentée à la fois pour une boiterie du postérieur droit et l’existence d’une petite masse au niveau de la cicatrice opératoire à gauche.

Un mois plus tard, la chienne est à nouveau présentée à la consultation en raison de l’induration de la zone cicatricielle de laparotomie à gauche. Elle lèche souvent cette zone qui semble douloureuse. L’ablation de cette induration cicatricielle fibreuse est réalisée.

Dix jours plus tard, une masse importante, très dure, est apparue au niveau de la nouvelle cicatrice opératoire. Un bilan sanguin est réalisé. Un antibiotique et un anti-inflammatoire sont donnés. Un contrôle échographique est réalisé le lendemain puis, trois jours plus tard, la masse ayant encore grossi, la chienne est référée à des vétérinaires spécialistes.

Parmi les examens alors pratiqués, le scanner amène à conclure à un très volumineux abcès chronique de la paroi abdominale en regard de l’ancien site d’ovariectomie à gauche. Toutefois, un processus tumoral sous-jacent n’est pas exclu par l’imageur. L’examen montre une réaction ganglionnaire inguinale et iliaque à gauche, modérée. 

L’exérèse chirurgicale de cette masse est pratiquée. Un traitement médical antibiotique, anti-inflammatoire et anti-œdémateux complémentaire est mis en place. Le spécialiste en chirurgie des animaux de compagnie privilégie encore l’hypothèse d’un abcès chronique.

L’examen histologique révèle en réalité un sarcome des tissus mous peu différencié à cellules fusiformes, de grade III selon Trojani. Cette tumeur peut évoquer un fibrosarcome.

Cette chienne a connu aussi au cours de ses deux premières années de vie un épisode de dorsalgie. L’ensemble des événements pathologiques survenus depuis la stérilisation chirurgicale de convenance ont été considérés par le propriétaire de la chienne comme causés par cette intervention suivie d’une petite suppuration locale. Une action en responsabilité a même été engagée, sans succès.

Le développement de ce cancer était totalement inattendu pour le maître de la chienne qui, peu motivé au départ pour la faire stériliser précocement, avait fini par en accepter l’idée. Il avait précisément pris la décision opératoire pour minimiser, selon l’argumentation qui lui avait été présentée, le risque de développement d’un cancer mammaire.

Il était effectivement inattendu pour ce propriétaire qu’une opération visant à limiter le risque de cancer soit associée (sur le site opératoire et avec les caractères d’une suite opératoire) à l’apparition, perçue comme favorisée, d’un cancer. La survenue de ce sarcome des tissus mous lui apparaissait bien comme un événement indésirable grave (EIG) lié aux soins.

Commentaires

Un événement indésirable, y compris un événement indésirable grave, peut faire suite à un acte de soins à but préventif (ici prévention des chaleurs, des infections utérines et des tumeurs mammaires).

Propositions d'actions préventives

  • Favoriser pour tout public la culture scientifique et l’apprentissage de l’esprit critique.
  • Tendre vers une médecine vétérinaire partenariale.