Ce cas clinique se penche sur un élevage charolais où apparaissent en février, au moment des vêlages, des gastro-entérites néo-natales.
Ce cas clinique est ancien (1998) : sinistre résolu à l’amiable après déclaration aux assurances.
Le médicament en cause est une spécialité vétérinaire à base de fluméquine, quinolone de première génération, largement utilisée en élevage à cette époque dans le traitement des infections à bactéries Gram. Ce médicament, aujourd’hui dépassé par les fluoroquinolones (quinolones de deuxième génération), n’est plus guère utilisé.
Les spécialités à usage humain contenant cet anti-infectieux de synthèse ont été retirées du marché en raison de leur mauvais rapport bénéfice/risque.
Cependant cette situation reste pédagogique car possiblement reproductible quel que soit le médicament en cause.
Dans un élevage charolais, apparaissent en février, au moment des vêlages, des gastro-entérites néo-natales.
Un diagnostic bactériologique de salmonellose est établi. Une prescription de la spécialité Flumiquil poudre 3 % est faite. L’ordonnance est remise à l’éleveur et le médicament est aussitôt délivré sur place, à la ferme, par le praticien… qui se trompe de médicament et délivre un seau de Flumiquil poudre 10 %. L’éleveur administre immédiatement par voie orale le médicament à cinq veaux et observe, dans les minutes et heures qui suivent, des signes inquiétants (tristesse, flaccidité, signes nerveux). Quatre veaux sur cinq meurent en quelques heures, le cinquième survit sans séquelle.
L’erreur est vite identifiée : substitution d’une spécialité par une autre, de même composition mais de dosage supérieur. Les corrections de dosage immédiatement apportées conduiront à une utilisation sans problème du même médicament dans l’élevage et à une parfaite maîtrise de la situation sanitaire dudit élevage.
L’éleveur est indemnisé, le sinistre est réglé à l’amiable.
L’événement indésirable, que l’on peut qualifier aisément d’événement indésirable grave, consiste en la délivrance par inadvertance d’un médicament différent de celui prescrit, de composition qualitative identique mais de dosage triple, ayant provoqué une intoxication par surdosage.
Aujourd’hui :
Avoir présent à l’esprit l’index thérapeutique réel des médicaments prescrits, dans les conditions du terrain, sur les animaux malades et vulnérables.
La pharmacovigilance vétérinaire obligatoire mise en place en France postérieurement à l’EIG cité, a contribué et contribue à prévenir ce type d’EIG.
La délivrance est un acte pharmaceutique à part entière, distinct de l’acte de médecine vétérinaire qu’est la prescription médicamenteuse ; l’exécution des obligations imposées par le code de la santé publique (transcription de l’ordonnance), et ce notamment depuis la mise en place du dispositif prescription-délivrance, aide à prévenir l’erreur de délivrance (substitution d’une spécialité par une autre).
L’organisation du travail en groupe pour répondre aux exigences de vie non sacerdotale des jeunes générations de vétérinaires devrait mieux permettre la récupération nerveuse, diminuer la fatigue et ainsi accroître l’attention.
L’éducation de l’éleveur peut permettre une participation à la sécurité des soins (contrôle avant administration, dernière barrière de sécurité).
Quelques références :
Je me souviens très bien de l'introduction de la fluméquine comme médicament vétérinaire.A l'époque, date du sinistre, ce médicament été vendu très cher. le laboratoire (RIKER si ma mémoire est bonne) proposait une posologie insuffisante et une dispensation dans le temps également insuffisante. En suivant le protocole du laboratoire c'était l'échec assuré dans la plupart des traitements effectués. En réalité pour être efficace il fallait doubler la dose et l'administrer au moins deux voire trois fois par jour et ceci sur cinq jours. Robert TELLIER