Quand un diagnostic est incertain, quand une suspicion clinique existe sans confirmation, il paraît de bonne pratique d’instituer une surveillance et de décider a priori d’un échéancier de consultations.
Une chienne caniche nain âgée de sept ans, bien suivie médicalement, sans aucun antécédent pathologique, est présentée le jour J1 à la consultation en raison de "chaleurs qui durent plus qu’à l’accoutumée". Comprendre : des pertes sanguines qui se prolongent par rapport aux chaleurs précédentes.
L’état général est bon. Pas d’abattement, peut-être une légère baisse d’entrain. Appétit conservé. Pas de polyurie ni polydipsie.
L’examen clinique général attentif et consciencieux ne révèle rien de particulier. L’inspection et la palpation abdominales pas davantage. Une attention est portée à la palpation utérine (recherche de modifications de la consistance et du volume utérins) qui ne révèle rien d’anormal.
Ni radiographie ni échographie abdominale ne sont pratiquées en l’absence de suspicion de métrite ou pyomètre à l’examen clinique.
Un hémogramme est pratiqué ainsi que des analyses biochimiques courantes. Pas de leucocytose mais la formule sanguine met en évidence une étonnante et intrigante éosinophilie. L’hématocrite est en limite de valeur faible, une légère anémie est observée, explicable dans le contexte. Les taux sanguins d’urée et de créatinine sont normaux.
Il est simplement conseillé de suivre l’évolution et de réévaluer le cas si les écoulements persistent.
À J13, la propriétaire sollicite une nouvelle consultation. Le planning surchargé ne permet pas de la recevoir rapidement en consultation. Il lui est proposé de déposer la chienne en hospitalisation de jour pour examen, ce qu’elle refuse. Finalement, elle accepte de prendre rendez-vous pour une hospitalisation à J15 mais elle n’honore pas son rendez-vous et consulte en urgence, le lendemain, un autre établissement de soins vétérinaires où un diagnostic de pyomètre est posé.
L’ovario-hystérectomie a lieu à J17.
La chienne meurt à J21 en insuffisance rénale.
La responsabilité civile du premier praticien sera mise en cause mais non retenue.
L’événement indésirable grave (EIG) tient au caractère inattendu de la survenue et de l’évolution rapide de ce pyomètre, même si la suspicion existait dès le premier instant de la première consultation, compte tenu de la situation chronologique des signes cliniques dans le cycle reproductif de la chienne.
Quand un diagnostic est incertain, quand une suspicion clinique existe sans confirmation, il paraît de bonne pratique d’instituer une surveillance et de décider a priori d’un échéancier de consultations.
Ce cas est ancien, l’approche aurait comporté aujourd’hui des examens d’imagerie plus précoces, sans doute dès la première consultation.
La question principale posée par ce cas n’est pas celle de la précocité des examens d’imagerie, c’est la question de l’institution d’un suivi (surveillance), d’une réévaluation. Il fallait fixer une limite raisonnable : une semaine, à titre indicatif.
L’évolution a été ici plutôt fulgurante, elle n’est pas exceptionnelle.
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