Mme K. est prise en charge par un service d’oncologie pour un cancer primitif du sein métastatique, et qui échappe au traitement mis en œuvre. Elle est entrée en phase de soins palliatifs et souhaite rentrer chez elle…
Mme K. souhaite pouvoir passer ses derniers jours de vie dans sa maison qu’elle affectionne particulièrement ; son oncologue, en accord avec les proches de la malade, prend contact avec le médecin traitant qui en accepte le principe, mais demande qu’un établissement d’Hospitalisation A Domicile (HAD) puisse la prendre en charge.
L’équipe hospitalière prend alors contact avec l’équipe de coordination de l’HAD. Cette dernière prend en compte :
L’étude de faisabilité montre que cette prise en charge est possible, et détermine les compétences à mobiliser par le projet de soins de la malade.
Les 2 équipes conviennent d’une date pour transférer Mme K. à son domicile, avec un délai suffisant pour que la structure d’HAD puisse faire livrer à domicile le matériel et les fournitures nécessaires aux soins de la patiente, et de faire à minima un réaménagement provisoire de la chambre pour installer le lit médicalisé et les équipements ad’hoc.
Mme K. arrive à son domicile en fin de matinée, et elle est prise en charge immédiatement par une IDE de la structure de l’HAD à son arrivée. Son traitement est notamment une hydratation la nuit et une association d’antalgiques pour la douleur : la patiente bénéficie d’opioïdes en pompe PCA, pompe mise en place par l’équipe d’oncologie (équipement médical prêté).
Elle est installée dans son lit ; elle semble très fatiguée, voire somnolente, et cet état clinique est rattaché au transport sanitaire, puisque le domicile de la patiente est à 15 km de l’Hôpital.
L’IDE fait le point avec la famille sur les informations d’usage et les consignes en lien avec l’organisation de la prise en charge, les moyens matériels et humains mis en place pour cette patiente. Elle précise également les coordonnées téléphoniques à appeler en cas de renseignements ou d’éléments nouveaux sur la situation de leur parente.
L’IDE rappelle que le cadre coordinateur passera en début d’après midi pour faire le point avec eux.
Elle quitte le domicile de la patiente après avoir terminé son tour de soins, et en rappelant qu’elle passera le soir vers 17h00.
La cadre coordinatrice n’a pu passer comme convenu, car elle a été appelée au chevet d’un autre patient, et a prévenu la famille de Mme K. Elle a planifié son passage au lendemain matin.
L’IDE passe à 17h20 comme convenu pour faire les soins du soir, et trouve Mme K. toujours somnolente, mais qui réagit lorsqu’elle est stimulée. Elle vérifie les paramètres vitaux qui sont stables et non pathologiques. Elle prévient néanmoins le médecin traitant : ce dernier passera voir la patiente après ses consultations, son passage étant prévu vers 19h30.
Le médecin traitant passe visiter la patiente, et trouve Mme K. très endormie, non réveillable. Il décide de prévenir l’équipe paramédicale de l’HAD et le SMUR qui envoie une équipe médicalisée sur place. Le médecin du SMUR, en accord avec le médecin traitant organise la réhospitalisation de Mme K., car après vérification de la pompe à morphine, constat est fait qu’il y a erreur de programmation sur le début continu de l’opioïde (10 fois la dose prescrite) après échange téléphonique avec l’oncologue de garde qui a consulté le dossier de la malade.
La patiente bénéficiera de 48 heures d’hospitalisation en soins intensifs, avant de rejoindre à nouveau son domicile.
Cet incident a généré :
Cet Evénement Indésirable Grave (EIG) a questionné l’ensemble des acteurs de santé impliqués dans la prise en charge de Mme K., et la décision de confier l’enquête sur cette situation conjointement à la Gestionnaire de Risques de la structure hospitalière et la Gestionnaire de Risques de la structure HAD a permis de rendre les conclusions suivantes. Cette démarche est assez rare pour être signalée.
La méthode ALARM, recommandée par la Haute Autorité de Santé, est retenue.
Surdosage médicamenteux : générant une réhospitalisation en soins intensifs de 48 heures.
Facteurs de la grille ALARM | Causes identifiées |
Facteurs liés au patient |
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Facteurs liés aux tâches à accomplir |
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Facteurs liés à l’individu (personnel de la structure)
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Facteurs liés à l’équipe |
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Facteurs liés à l’environnement de travail |
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Facteurs liés à l’organisation et au management |
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Facteurs liés au contexte institutionnel |
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Barrière qui a arrêté l’incident : barrière de récupération et d’atténuation
Barrières qui n’ont pas fonctionné
L’analyse de cette situation a conduit les professionnels à réfléchir sur les points suivants :
Un retour d’expérience riche qui a permis de mettre en place un mode de communication entre 2 structures de soins qui n’avaient pas l’habitude de partager à partir d’expériences professionnelles communes.
Le travail en équipe ne se limite pas à un service, à une structure de soins, et les liens entre acteurs de soins qu’ils soient hospitalier ou en ville doivent toujours être privilégiés et renforcés pour encore améliorer le niveau de sécurité des soins dispensés aux patients.