Une revue de question vient d’être publiée sur ce que les patients considèrent être un événement indésirable associé au soin (EIAS) en médecine de ville (Lang et al).
La revue a extrait 3340 articles, dont 68 ont été finalement retenus pour leur pertinence pour le sujet. Seulement 19 études sur ces 68 réunissaient tous les critères recherchés, 12 étaient quantitatives, et 7 qualitatives. 18 avaient été publiées après 2004, et beaucoup récemment, montrant la montée en puissance de cette question. La plupart des publications proviennent des USA.
Dans la grande majorité des cas, les résultats ont été obtenus par interviews des patients, souvent par téléphone, ou par focus group.
Les résultats montrent que les patients détectent bien les évènements, ce qui n’est pas une surprise puisque ce résultat est répétitivement publié depuis les années 2000.
Les patients détectent en fait deux familles d’EIAS.
Le premier groupe d’EIAS ne surprend pas car il s’agit des cas habituellement cités par les professionnels : retards diagnostics, erreurs médicamenteuses, etc. Ces erreurs et évènements indésirables sont la cible habituelle des campagnes de sécurité.
La seconde catégorie est plus en rapport avec ce que l’on peut appeler la qualité ou le service rendu : difficulté d’accès, pas de rendez vous avant un temps trop long, manque d’explication, rudesse dans le comportement, communications exécrables entre professionnels mettant le patient mal à l’aise. Ces évènements sont dans toutes les études pointés comme très anxiogènes pour le patient, et souvent au premier plan des demandes d’amélioration, mais ils sont rarement la cible d’action de l’état. De plus les patients font un lien entre cette catégorie de problèmes et les problèmes médicaux plus classiques du premier groupe cité précédemment.
La littérature montre aussi les effets désastreux de la perte de confiance associée à des EIAS de toutes catégories qui sont déjà survenus : cette perte de confiance éloigne le patient du milieu médical, réduit son observance, lui fait prendre des risques, retarde des prises en charges. Sur ce point, une attitude de transparence et d’excuse du professionnel de santé quand l’EIAS survient est essentielle pour limiter cette ‘fuite’ du patient.
Bien sûr on ne manquera pas de rappeler d’autres problèmes, notamment la (quasi totale) absence de coordination entre filières et spécialités médicales, qui oblige souvent les patients multi-morbides à revenir à 20 kms de chez eux pour trois consultations séparées dans la semaine, ce qui constitue très rapidement un préjudice social considérable dans la réinsertion professionnelle, et est ressenti, à juste titre, comme un événement indésirable grave. L’absence de plan de soin coordonné est de ce côté là un véritable fléau dans ses conséquences psychologiques que les anglo-saxons appellent le Burden of care. Le médecin traitant ne peut pas seul sans cohérence ajoutée du système, régler le problème (les maisons de santé sont peut-être une solution pour demain.)
Pour aller plus loin
Lang S., Garrido M.n Heintze C. Patients’ views of adverse events in primary and ambulatory care: a systematic review to assess methods and the content of what patients consider to be adverse events, BMC Family Practice (2016) 17:6