Un article en Français de l’excellente revue Prescrire publié ce mois-ci.
Les prescriptions informatisées sont censées sécuriser le circuit du médicament en éliminant les recopiages et incomplètes (dose, durée). L’article porte sur une revue de question des résultats disponibles. La réduction attendue des erreurs reste hypothétique, mais, sans surprise, les erreurs liées à l’informatique sont apparues en nombre substantiel et sont parfois très significatives en gravité (notamment dans les études US qui ont le plus d’antériorité sur l’implémentation technique des systèmes de prescription informatique). Les données françaises vont dans le même sens même s’il manque une étude précise pour en attester.
Finalement, les grandes catégories d’erreurs restent similaires avec ou sans prescription informatique : les erreurs de patients sont toujours possibles (58/100000 prescriptions aux USA), les omissions sont presque par définition insensibles à la présence ou non de l’outil informatique (notamment omettre d’arrêter un traitement antérieur), les redondances et les doublons en prescrivant des spécialités de même classe pharmaceutiques sous des noms différents sont plutôt plus fréquents (aux USA, une étude montre que les doublons sont passés de 1,2 /100 journées d’hospitalisation avant installation du système à 4,2/100 après essentiellement par le fait de prescriptions séparées par plusieurs médecins, et par la prescription de protocoles quasi automatisés sans réfléchir).
Enfin, les erreurs de doses et de médicaments ne sont pas bloquées par les systèmes informatiques, et on voit même leur fréquence rester importante par le fait de la multiplication des erreurs de doigt dans les menus par des utilisateurs pressés ou peu familiers de l’outil, ou par l’introduction de raccourcis copier-coller trop routinisés.
Au total, la situation ne devrait pas s’améliorer vite puisqu’on est encore partout en phase d’installation et de début de pratiques dans les établissements. On peut même redouter une certaine épidémie.
Les auteurs mentionnent que les mécanismes de survenue de ces erreurs médicamenteuses sont complexes, et on ne pense pas toujours spontanément à incriminer les systèmes informatiques. La vigilance est encore plus de mise qu’avant.
*** Mon avis : un article complet, qui pointe bien un problème récurrent : l’informatisation ne va pas magiquement supprimer les erreurs, loin de là.
Pour aller plus loin :
Prescription informatisée : des risques d’erreurs et d’effets indésirables La revue Prescrire, Octobre 2015, 35, 394 : 775-77