Décès d’une patiente à risque par hémorragie post-op suspectée (identifiée), mal détectée (mal bilantée), et totalement négligée dans sa récupération par toute l’équipe médicale, la nuit et en été.
Le 17 juin 2013, une femme de 62 ans effectue une mammographie dans le cadre d'un dépistage systématique du cancer du sein (convocation par une structure départementale).
Lors de l'expertise, il était produit le témoignage écrit adressé par l'anesthésiste d'astreinte :" Le 18 juillet 2013, peu avant 07h00, j'ai reçu un appel de l'aide-soignante du service de chirurgie pour me signaler le décès d'une patiente. A mon arrivée dans la chambre, cinq minutes après l'appel, je constate l'absence de toute activité cardiaque ou respiratoire avec une mydriase bilatérale aréactive. La cornée est modifiée. La patiente est livide et froide. Je n'ai pu que confirmer le décès qui remontait manifestement à plusieurs minutes ".
Le chirurgien disait " ne plus avoir eu de nouvelle de la patiente jusqu'à un appel téléphonique vers 06h45, l'informant de son décès. Ne comprenant absolument pas ce décès, j'ai conseillé à la famille de m'autoriser à demander une autopsie ".
Lors de l'autopsie,"(...) L'examen du corps mettait en évidence un hématome de 25 cm de hauteur sur 38 cm de large s'étendant sur la totalité du sein gauche ainsi qu'en sous-axillaire et à la face latéro-thoracique gauche. Par ailleurs, il existait une voussure sous-axillaire gauche mesurant 14 cm sur 10 cm... Après ouverture, on constatait un caillot de 459 g ainsi qu'un épanchement sanguin de 300 ml dans l'espace créé par le curage ganglionnaire... Conclusion : l'examen du corps et l'autopsie de la patiente sont en faveur d'un décès consécutif à un choc hémorragique (...)"
Saisine de la CCI en octobre 2014, par les ayants-droit de la patiente pour obtenir l’indemnisation du préjudice qu’ils avaient subi.
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Les experts, praticiens hospitaliers, l'un en gynéco-obstétrique et l'autre en anesthésie-réanimation, estimaient que :
" (...) D'un point de vue carcinologique, la patiente avait été prise en charge conformément aux règles de l'art et aux données acquises de la science médicale, à l'époque des faits.
L'IRM n'est pas un examen à effectuer systématiquement en matière de cancer du sein. Elle a pour but de préciser la zone à cytologie positive et à vérifier l'autre sein. .Compte-tenu des constatations cliniques et anatomo-pathologiques, les données d'une IRM n'auraient pas modifié la stratégie thérapeutique. En outre, selon le chirurgien, la réalisation d'une IRM aurait nécessité de retarder de trois semaines l'intervention.
En revanche, la surveillance de l'infirmière de nuit n'avait pas été conforme aux règles de l'art médical
Le chirurgien avait manqué de vigilance. Il savait que la dissection du creux axillaire, bien que non hémorragique, avait été difficile et à risque d'hémorragie secondaire.Le fait que les drains de Redons aient donné 1 000ml ou plus, aurait dû l'inquiéter et le faire venir ou demander que l'anesthésiste d'astreinte se déplace. Le chiffre de PA systolique aux alentours de 90-100mmHg aurait dû être interprété comme très bas chez une patiente qui était plutôt à 130-140 mmHg en post opératoire immédiat.
Il est évident qu'à partir de 04h00, la patiente devait être transfusée et reprise chirurgicalement , ce qui aurait évité son décès (...)".
En conclusion, les experts affirmaient que le décès de la patiente était la conséquence d'un accident médical fautif, lié à un défaut de surveillance de l'infirmière de nuit et à un défaut de réactivité du chirurgien qui aurait dû se déplacer ou faire déplacer l'anesthésiste.
La CCI retenait les conclusions des experts et attribuait le décès de la patiente à un défaut de prise en charge de la complication dont elle avait été victime, par l'infirmière de nuit et le chirurgien d'astreinte. Toutefois, pour la CCI," les manquements de l'infirmière de nuit et du chirurgien d'astreinte ne pouvaient être qu' à l'origine d'une perte de chance, dès lors qu'il ne pouvait exister de certitude absolue de sauver la patiente, même en cas de prise en charge diligente et appliquée. "
Indemnisation à 90 % des préjudices subis, à la charge de l'assureur de la clinique (employeur de l'infirmière) et de celui du chirurgien, chacun pour moitié.
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L'intervention chirurgicale était-elle utile , je crois que non devant un cancer si avancé.De plus quelle était l'expérience de l'intervenant pour une opération très difficile?.Enfin quelle est la responsabilité du Lovenox dans le saignement ?