Patiente âgée de 31 ans (née en mai 1975), enceinte d’une deuxième grossesse qu’elle découvre à 5 mois et demi (début octobre 2006). Première grossesse terminée par une césarienne pour stagnation de la dilatation. Une échographie réalisée par l’obstétricien (32 SA) montre une présentation en siège complet...
Assignation déposée en juin 2008 par les parents de l’enfant décédé en réparation de leur préjudice
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Les deux experts, l’un gynéco-obstétricien et l’autre anesthésiste, estimaient que « (…) L’indication de césarienne était formelle chez cette patiente en raison d’un utérus cicatriciel, d’une présentation en siège, d’un bassin rétréci et d’une rupture prématurée de la poche des eaux à 8 mois + 7 jours. C’était, à juste titre, que, l’obstétricien qui avait suivi la grossesse, avait programmé une césarienne systématique, prévue le 15 janvier 2007. L’absence du bilan sanguin que la patiente devait faire début janvier avait retardé la pratique de la césarienne qui était justifiée dès l’admission de la patiente. A 03h, heure d’entrée en travail de la parturiente, la césarienne était impérative en raison de l’impossibilité d’accoucher par voie basse liée au bassin rétréci, des risques de rupture utérine en rapport avec la précédente césarienne et de procidence du cordon sur une présentation en siège. Les sages-femmes avaient immédiatement averti l’anesthésiste de cette entrée en travail. Mais celui-ci avait refusé d’endormir la patiente sans résultat du bilan sanguin. Ce refus était fautif car il s’agissait d’une césarienne urgente. L’obstétricien avait été informé de ce refus par la sage-femme. Il était à noter qu’à aucun moment, l’anesthésiste et l’obstétricien ne s’étaient entretenus du cas de la patiente. La sage-femme avait diagnostiqué une latéro-incidence à 03h10. Pour sauver l’enfant, l’intervalle de temps entre le diagnostic de latéro-incidence et l’extraction devait être inférieur à 30 minutes. La bradycardie extrême pré-mortem, à 58 b/min, était survenue à 03h30 et l’enfant était né à 04h20 , soit 50 minutes plus tard. Le retard de la pratique de la césarienne était en rapport direct et certain avec le décès fœtal in utero. Une césarienne décidée à 03h aurait permis d’extraire un enfant vivant.
L’anesthésiste s’était enfermé dans une attitude dogmatique : la nécessité d’un bilan sanguin avant toute anesthésie obstétricale. Conscient des délais que demandaient ces examens, il n’avait pas recherché l’avis de l’obstétricien quant à leur compatibilité avec la situation obstétricale. En outre, il n’avait pas su reconnaître dans les informations données par les sages-femmes, l’urgence à césariser.
L’obstétricien informé par la sage-femme de l’admission de la patiente, avait demandé à césariser dès que possible. Ses soins avaient été consciencieux, attentifs et conformes aux règles de l’art.
Les sages-femmes avaient surveillé la patiente sans interruption. Elles avaient informé les médecins de l’évolution de la situation. Elles avaient diagnostiqué la latéro-incidence du cordon et pratiqué les gestes recommandés pour diminuer la compression du cordon. Leurs soins avaient été consciencieux et conformes aux règles de la science médicale (…) ».
Les experts relevaient également une organisation défaillante de la clinique pour les urgences, notamment dans le fonctionnement de son laboratoire qui fermait le soir, obligeant à adresser les prélèvements par taxi vers un autre site. Le retard dû à cette organisation défaillante a participé au retard à césariser.
Les juges ne retenaient pas les conclusions expertales dans leur totalité. Ils estimaient que « (…) La situation de la parturiente, telle que décrite par les experts comme pouvant conduire à tout moment à une césarienne « en catastrophe », imposait à l’équipe médicale et, en premier chef à l’obstétricien et à l’anesthésiste, un minimum de diligence pour être en mesure d’intervenir le plus rapidement possible. L’anesthésiste, pourtant présent dans la clinique et n’ayant pas d’autre activité, ne s’était pas déplacé au chevet de la patiente pour réaliser une consultation d’anesthésie et consulter son dossier. Il n’avait pas pris conscience de l’urgence obstétricale, pourtant clairement identifiée par les sages-femmes. Il ne pouvait ignorer qu’une césarienne en extrême urgence était possible, sinon probable, le temps passant. En outre, la décision de l’anesthésiste de n’intervenir qu’à 04h, avait été aggravée par l’attitude de l’obstétricien qui, sans autre urgence, avait laissé la parturiente sous la seule surveillance des sages-femmes alors qu’il s’agissait d’un accouchement anormal et à risque. Non seulement, il était absent au début pour mesurer l’évolution de la situation obstétricale mais son arrivée au bloc à 04h05 avait retardé la prise en charge urgente alors que le reste de l’équipe, dont l’anesthésiste, était prêt à 03h40. Les deux médecins n’avaient pas, en outre, pris le temps de discuter des problèmes posés par l’accouchement de cette patiente (...) » Les magistrats concluaient à un dysfonctionnement de l’équipe médicale. Ils retenaient aussi l’organisation défaillante du laboratoire de la clinique telle que relevée par les experts.
Au total, le tribunal décidait un partage de responsabilité entre l’obstétricien de garde (60%), l’anesthésiste (25%) et la clinique (15%).
Indemnisation de 60 000€.
Réponse à Michel N : Les éléments fournis n’ont qu’une valeur pédagogique et ne sauraient être utilisés pour un autre usage. Ils sont totalement anonymisés, en lien, temps, et personnes.
Certes les sources proviennent de dossiers réels de contentieux aujourd’hui clôturés, de même que les expertises et les jugements. Mais leur mise en forme pour l’objectif pédagogique d’un site obéit à des règles de synthèse et de simplification. Ce travail éditorial obligatoire peut parfois gommer certains détails.
Mais peu importe au lecteur ce qui a été gommé, et l’exactitude stricte ou pas par rapport au réel; on n’est pas devant un tribunal, mais dans la fourniture d'un cas clinique de travail pour susciter des apprentissages de sécurité du patient aux professions concernées.
Il faut prendre l’histoire telle qu’elle est racontée, et s’en servir dans son unique logique pédagogique.
Bonjour
Votre dossier comporte des erreurs, inexactitudes graves qui rendent l'analyse impossible; j'aimerai savoir quells sont vos sources
Merci