Après 4 accouchements en 6 ans dont 3 accouchements par voie basse notés « normaux », une patiente de 33 ans décide pour sa 5e grossesse d'être suivie par un autre obstétricien...
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L'expert estime que si la patiente avait informé de l’antécédent de dystocie avec plexus brachial, devant cet utérus cicatriciel, la césarienne à titre prophylactique devenait impérative. « Un bon interrogatoire aurait dû amener à préciser ce fait ». L’avocat adverse fera remarquer que chez cette femme étrangère qui a quelques difficultés avec le français, l’obstétricien aurait dû demander son ancien dossier.
L’expert reproche l’absence d’estimation pondérale au 9ème mois et en début de travail, qualifie la discontinuité dans la prise en charge du travail d’« élément préjudiciable ». La suspicion clinique d’un « gros bébé », les antécédents connus (macrosomie, césarienne) devaient faire considérer cet accouchement « à risque » par principe. Il s'étonne que l'obstétricien n'ait pas précisé sur l'observation, la présence d'un accoucheur au chevet de la patiente voire d’un pédiatre et d’un anesthésiste avant l’expulsion. Le laps de temps aurait dû, si les consignes étaient strictes, inciter la sage-femme à appeler auprès d'elle un obstétricien bien avant que l'expulsion ne débute, (d’autant plus que le liquide amniotique était teinté), compte tenu du nombre d’obstétriciens qui exercent dans cette clinique. Il relève un défaut d'organisation, une carence d’anticipation. La présence d'un obstétricien, même chevronné, n'implique pas cependant que le risque d'élongation du plexus brachial eut été évité. Aucun praticien ne peut affirmer qu'il aurait résolu cette dystocie quelle que soit la manœuvre sans entraîner de risque de séquelles pour l'enfant. Il n'empêche que toute situation dystocique justifie d'être prise en charge par un praticien spécialisé confirmé.
La sage-femme a, par nécessité, terminé l’accouchement dans des conditions difficiles, écartant le risque cérébral au prix d'un risque neurologique important. L’expert conclut qu’elle a effectué « une hyper flexion de la tête, manœuvre probablement responsable de l'élongation du plexus brachial ».
JUGEMENT
Le tribunal (2008) retient la responsabilité de l’obstétricien (75%) du fait de l’absence d’organisation de l’accouchement et de la césarienne et la sage-femme (25%) pour manœuvres excessives responsables du préjudice.
Aux avis critiques déposés avant le jugement se joindront d’autres avis d’experts sur pièces à la demande des parties avant l’arrêt de cour d’appel (2010) réformant le jugement. Seule la responsabilité de l’obstétricien à hauteur d’une perte de chance de 80% est retenue, les magistrats insistant sur le défaut d’interrogatoire de la patiente ce qui aurait permis de décider d’une césarienne: « il ne peut être reproché à la patiente de ne pas avoir fourni spontanément l’information alors que profane en la matière, elle ne pouvait pas en apprécier l’importance ».