Le comptage systématique des compresses au bloc opératoire est un élément incontournable pour éviter tout oubli et ses conséquences (infectieuses, occlusives...) et ce, quel que soit le site opératoire. Le compte doit faire l’objet d’une traçabilité dans le dossier. La coordination des soins et la communication entre des intervenants successifs sont des éléments déterminants. Enfin, le délégataire de tâche reste in fine responsable de la tâche déléguée.
Un chien Labrador de dix ans est régulièrement suivi par l’équipe d’une clinique vétérinaire. Une rupture d’un ligament croisé antérieur (LCA) est diagnostiquée.
Il est décidé d’opérer par ostéotomie de nivellement du plateau tibial. Pour ce faire, les praticiens habituels, qui ne maîtrisent pas la technique chirurgicale, font appel à un vétérinaire consultant, exerçant dans une autre ville du département et qui accepte de se déplacer pour opérer au domicile professionnel des confrères référents.
L’intervention est perçue comme s’étant déroulée normalement.
La continuité des soins (soins post-opératoires) est assurée par les vétérinaires habituels du propriétaire de l’animal, à leur clinique.
Quelques jours après l’opération, des complications locales apparaissent : œdème local, rapidement fistulisé ; suintements, saignements. Les saignements sont de plus en plus importants.
Les soins ont consisté en renouvellements de pansements, parages de la plaie. Une bonne quinzaine d’interventions sont comptabilisées en cinq semaines. Parmi celles-ci, l’une d’elles, réalisée près d’un mois après l’intervention, a mis en évidence la persistance d’une compresse et permis son extraction. Le chirurgien est lui-même réintervenu au sein de son propre établissement, après le retrait de la compresse.
Pour autant, l’infection, bien installée, a prospéré et le chien a finalement été référé à un centre hospitalier vétérinaire où il a été constaté à la radiographie :
L’examen histologique a révélé une arthrite, une synovite érosive, une ostéomyélite.
En accord avec le propriétaire, l’amputation du membre a été pratiquée et les suites ont été normales.
Les complications de la persistance d’une compresse au sein du site opératoire constituent un événement indésirable, d’autant plus grave (EIG) qu’il a nécessité l’amputation d’un membre.
Ce cas d’espèce illustre aussi les limites de la chirurgie pratiquée au sein d’un établissement de soins vétérinaires par un praticien qui n’est pas en situation d’assurer intégralement et personnellement le suivi post-opératoire de son acte.
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