Retard à la décision thérapeutique adaptée sur une jument atteinte de coliques par impaction

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Retard à la décision thérapeutique adaptée sur une jument atteinte de coliques par impaction

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  • Un vétérinaire administre un traitement à une jument - La Prévention Médicale

La traçabilité des rapports de consultation et leur accès immédiat, si possible dématérialisé, sans délai à tous les membres d’une équipe dans une clinique de groupe est indispensable à la continuité des soins et à la sécurité des prises en charge.

Auteur : le Dr Michel Baussier, Docteur vétérinaire / MAJ : 05/07/2024

Cas clinique

Le praticien est appelé en début d’après-midi pour un cas de coliques sur une jument de sport en pension (jument de valeur).

L’examen clinique comporte une exploration rectale. Le cæcum est manifestement surchargé.

Un diagnostic de coliques par impaction est posé.

Le traitement mis en œuvre comporte : 

  • Par voie intraveineuse, l’administration d’un antalgique spasmolytique, d’un soluté hypertonique et d’un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS, en l’occurrence flunixine méglumine), ce dernier en appliquant la posologie pour bovins, c’est-à-dire à une dose double de celle indiquée dans l’espèce équine.
  • Par sondage naso-pharyngé, à la fois de l’huile de paraffine et un soluté électrolytique réhydratant.

Les coliques cessent et une amélioration de l’état général est très rapidement observée. 

Cependant, en soirée, les coliques reprennent de façon sourde. La clinique est contactée. Les praticiens ne se déplacent pas et il est conseillé une ré-administration d’antalgique spasmolytique.

Dans la nuit, les coliques reprennent de façon plus importante et, sur décision du propriétaire, alors contacté par la pension, un autre praticien est appelé. Après examen de l’animal, celui-ci l’oriente sur-le-champ vers une clinique chirurgicale équine.

Une laparotomie est décidée, mais la jument meurt au cours de l’opération.

Cette évolution mortelle rapide, pour impaction colique après intervention vétérinaire, est apparue pour le propriétaire comme un événement inattendu lié :

  • aux soins donnés en première intention,
  • et à l’absence de son consentement à la démarche thérapeutique initialement entreprise. 
     

L’événement peut facilement être qualifié de grave (EIG), puisque mortel.

La responsabilité du premier praticien sera recherchée pour perte de chance, notamment pour avoir administré un AINS, masquant la douleur, de surcroît à dose double de la dose autorisée.

Commentaires

  • Ce cas illustre la difficulté, fréquente dans l’espèce équine, d’établissement rapide et direct d’un contrat de soins tacite avec le propriétaire de l’animal.
  • L’évolution fatale de ce cas d’impaction apparaît inhabituellement rapide et pose question, au-delà des mises en cause plus ou moins spécieuses, dictées par des intérêts financiers.

Recommandations

  • Obtenir au plus tôt le lien avec le décideur (propriétaire de l’animal en général) pour la bonne exécution du contrat de soins.
  • Tendre vers les rapports immédiats de consultation, si possible dématérialisés et accessibles sans délai à tous les membres d’une équipe dans une clinique de groupe.
  • En matière de coliques du cheval, envisager rapidement la possibilité de l’option chirurgicale : s’il s’agit d’une option envisagée ou envisageable, la stratégie thérapeutique en tient compte.
  • Au-delà de l’analgésie et de l’apaisement des coliques, envisager le pronostic et l’évolution. Anticiper…