Lors de l’analyse d’un accident lié au soin, la méthode de l’arbre des causes de défaillance est associée à la méthode ALARM. Elle permet de s’assurer que toutes les causes racines ont été explorées et aide à placer judicieusement les barrières de sécurité.
3 | Mission échouée sans conséquence pour la sécurité |
4 | Mise en jeu de la sécurité avec dommage réversible chez le patient ou une personne |
5 | Mise en jeu de la sécurité avec dommage irréversible chez le patient ou une personne, voire décès |
EPR | "presque accidents", "échappées belles" des québécois (ou encore "événement porteur de risque" dans le cadre de la procédure volontaire d'accréditation des médecins avec pratiques à risques) |
Des faits indépendants, difficiles à relier aux autres faits, peuvent être éventuellement constatés et peuvent constituer des éléments de compréhension de l’arbre.
Temps 1 : l’interview suivant le guide ALARM permet d’identifier
Patient ayant reçu deux fois la dose d'un produit de chimiothérapie (Endoxan). Le produit reçu était destiné à un autre patient.
Dans la mesure où des doses additionnelles de ce même médicament auraient dû être délivrées 15 jours plus tard, il y a eu ajustement de la posologie telle que la dose totale prévue a été délivrée sur le cycle. Des méthodes garantissant la tolérance immédiate de l'évènement ont été efficacement mises en œuvre sans délai. L'aplasie a été d'une durée habituelle et le patient est entré en rémission complète sans complication malgré des critères péjoratifs initiaux et cinétiques.
2. Quelle est la chaîne des événements qui a mené à l’événement ?
L'infirmière travaillant sur horaire d'après midi s'occupait de 4 patients en unité protégée sur les 15 patients présents (effectif de personnel normal).
Elle procède à sa tournée habituelle vers 15 h.
Puis elle procède aux soins dits "ponctuels" vers 16 h 30.
Elle sort la poche de M. X et, poche en main, elle réalise le contrôle de cohérence entre la prescription, le produit, la dose et le nom du patient. Interrompue par le téléphone, elle repose le produit dans le réfrigérateur car le ménage est en cours dans le poste de soins.
A l'issue de l'appel, elle prend dans le réfrigérateur la poche qu'elle croit être celle qu'elle vient de contrôler.
Elle part et emporte la poche pour le patient. Elle pose la perfusion au patient sans la recontrôler, considérant que le contrôle a déjà été réalisé par elle en salle de soins.
Quelque temps plus tard la famille alerte le service que la poche posée est identifiée au nom d'un autre patient.
La perfusion est arrêtée (le patient reçoit 3,3 g au lieu de 1,4 g) ; le médecin est prévenu.
Le médecin du service réalise les soins nécessaires et informe la famille qui réclame des éléments de preuves permettant d'éviter que ce type d'erreur ne se reproduise.
Temps 2 : construction de l’arbre des causes, hors réunion le plus souvent
Temps 3 : Les différentes causes peuvent ensuite être reportées dans le tableau de la grille ALARM.
Temps 4 : Le plan d’action est alors structuré autour des barrières posées (chiffre entouré de rouge).
Barrière | Consolidation | |
1 | Définir et sécuriser la procédure de contrôle de cohérence : prescription/patient/produit : mode normal et mode dégradé | Rédaction des modalités du contrôle de cohérence |
2 | Définir les éléments risquant de perturber le contrôle de cohérence | Définir des règles pour l'utilisation des locaux, des lieux et matériels où peut s'effectuer le contrôle de cohérence (type de matériel, ambiance visuelle et sonore perturbatrice, circuits) |
3 | Définir avec la pharmacie les modalités de réception et de stockage des produits de chimiothérapie | Rédaction des modalités de réception et de stockage de produits sensibles |
4 | Équiper les réfrigérateurs de stockage pour permettre un stockage nominatif des produits | Équiper les réfrigérateurs de compartiments Définir le stockage dans ces compartiments (voir barrière 3) |
5 | Définir et sécuriser la procédure de contrôle de cohérence : prescription/patient/produit : mode normal et mode dégradé | Rédaction des modalités du contrôle de cohérence Équiper le service de douchettes permettant le contrôle de cohérence prescription/produit/patient à l'instar de la procédure concernant les produits sanguins |
Temps 5 : évaluation de l’efficacité des actions
1- Liens avec la procédure de certification HAS. Manuel de certification V2010 (version janvier 2014). Critères 8.f (pratique exigible prioritaire)
2- INRS. L'analyse des accidents du travail. La méthode de l'arbre des causes. 2013. 28 pages
Pour faire la différence entre ALARM et RCA (Root Cause Analysis) : Vincent, C. Analysis of clinical incidents : a window on the system, not a search for root cause, QSHC, 2004, 13 : 242-43
3- Roussel, P., Moll, M.C., Guez, P – Etape 3 : identifier les risques a posteriori – Risques & Qualité – 2008 – Volume V – N°1, 46-58
Pour en savoir plus :
S’inscrire au e-learning "IMAGES" proposé par la prévention médicale éligible au DPC.