Grote G. Safety management in high-risk domains – All the same ? Safety Science, Volume 50, Issue 10,
Le but du papier est de relire ce que chaque domaine industriel à risque peut apprendre de son voisin en matière de gestion de risques, ce qui est importable, et ce qui ne l’est pas.
La gestion des risques repose, quelle que soit l’industrie considérée et sa performance, sur une organisation à mettre en place, mais le contenu même de ce qu’on met dans cette organisation varie considérablement entre par exemple la volonté de convergence vers une culture de sécurité forte (mais en préservant une grande autonomie de chacun), comme dans la médecine, jusqu’à un modèle extrêmement formel et prescriptif comme le modèle de l’aviation civile incluant des moyens continus d’audit et de sanctions en cas de non adhésion et une restriction massive de l’autonomie des acteurs (OACI). Ces différents systèmes de gestion se distinguent sur trois axes : (a) quel est le but prioritaire de l’organisation mise en place: priorité première à la sécurité des professionnels impliqués versus priorité à la qualité et la sécurité du produit et des processus de production ; on sait que les systèmes où la sécurité est d’abord tournée vers soi, personnelle (ouvriers de la construction, conduite automobile, etc.) sont des systèmes qui acceptent un risque plus élevé, car l’individu considère qu’il a un droit et une liberté personnelle de contrôler son exposition au risque en fonction de sa compétence. Inversement, des systèmes collectifs où la priorité est dictée par le collectif et la sécurité des passagers sont nécessairement plus sûrs parce qu’ils retirent ce droit aux opérateurs. Mais rien n’est formellement établi dans les modèles de gestion des risques sur les conséquences de ces choix (b) quel est l’ambition finale recherchée : éviter au maximum au quotidien les incidents et les accidents, ou savoir survivre et savoir gérer les crises et les situations d’incertitude et de surprises. Les systèmes les plus sûrs sont aussi les moins robustes aux crises ; il s’agit donc bien de deux dimensions opposées et d’un véritable choix de modèle de gestion des risques, encore une fois peu mentionné dans la littérature (c) quel niveau de supervision est envisagé pour le processus à sécuriser : interne (voire local), versus national, externe, voire international, avec une gradation dans les moyens automatiques de supervision et d’encadrement (on pense par exemple au contrôle aérien et aux autorisations aéronautiques ou nucléaires particulièrement en supervision électronique automatisée, traçabilité automatique, etc.). Compte tenu de ces dimensions de variations très importantes, il apparaît beaucoup moins évident qu’il soit pertinent de transposer les modèles d’un domaine à un autre, surtout sans précaution sur les conditions d’applicabilité.
Une bonne analyse de la littérature sur la comparaison des modèles de sécurité et la limite de leur transposition d’un secteur à un autre.