Tout sur la gestion des risques en santé
                et la sécurité du patient

Culture de sécurité en médecine

  • Réduire le texte de la page
  • Agrandir le texte de la page
  • Facebook
  • Twitter
  • Messages0
  • Imprimer la page

2007 - La mesure de la culture de sécurité en santé

18/08/2015

Flin R. Measuring safety culture in healthcare: A case for accurate diagnosis, Safety Science 45 (2007) 653–667

Résumé

La complexité des organisations et le poids croissant de la sécurité ont motivé des travaux croissants sur la notion de culture et climat de sécurité en médecine. Toutefois, les outils disponibles souffrent d’une métrologie insuffisante, et le lien entre les types de culture et la sécurité reste souvent à prouver,
L’auteur propose de transférer un cadre industriel à la médecine pour enfin faire progresser les outils. Flin suggère de corriger d’abord plusieurs objectifs de sécurité chroniquement mal compris dans le milieu médical qui donnent lieu à des contresens qui tuent la mesure de la culture. Par exemple ‘la sécurité c’est supprimer les erreurs’, …alors que l’on sait dans l’industrie depuis longtemps que la sécurité c’est accepter et gérer les erreurs pour qu’elles n’aient pas de conséquences ; …ou encore autre contresens : les erreurs en médecine sont traitées pour leur surface immédiate (recherche de responsable) et non pour leurs causes profondes ou latentes, et ce contrairement à ce que recommandent toutes les approches théoriques déjà appliquées à l’industrie. Par le fait même de ces contre sens, le travail sur les cultures en médecine est biaisé à la base, et on finit par évaluer positivement par des questionnaires hasardeux sur le plan théorique le contraire de ce qui serait une culture réellement de sécurité. L’auteur nous prévient aussi du risque d’agrégation des données (l’hôpital, la région, voir l’état) alors que l’on sait que la variation des cultures varie d’un service à un autre. Les agrégations sauvages tuent l’information. Le niveau pertinent est probablement le département clinique.
Les questionnaires eux-mêmes utilisés en médecine sont souvent dérivés de vieilles versions industrielles et n’intègrent qu’à la marge les importantes évolutions théoriques sur les liens entre climats et comportements, évolutions très importantes mais publiées uniquement dans la presse scientifique industrie.
Dernier point les contre sens d’usage des résultats du questionnaire : les questionnaires d’évaluation des climats de sécurité sont souvent utilisés en médecine pour susciter et suivre les changements de comportements et d’attitude des médecins et soignants, alors qu’ils ont été pensés et construits uniquement pour évaluer les managers et leurs comportements , et n’ont aucune valeur pour changer le comportement des acteurs de base.

Mon avis

Très bon article montrant toutes les limites du concept de culture de sécurité en médecine par une spécialiste mondiale du domaine.