Wennberg D., Marr M, Lang L. M.D., O'Malley S., Bennett G. A Randomized Trial of a Telephone Care-Management Strategy, N Engl J Med 2010; 363:1245-1255
Plusieurs études ont déjà montré l’intérêt du rappel par téléphone des patients après chirurgie qui augmente leur satisfaction tout en permettant un dépistage précoce (et un relevé) des complications. Beaucoup de pays commencent à aller plus loin et envisagent un suivi au téléphone de cohortes de patients à risques sur des périodes longues. Nda : On notera que ces pays occidentaux ont résolu l’approche du partage de l’information nécessaire à ce travail de suivi au téléphone dans le cadre d’une culture différente par rapport à la France eu égard au secret médical. Ils considèrent que l’accord des patients pour le suivi vaut autorisation de partage de l’information sur le fond du dossier médical entre toutes les personnes ayant un rôle dans ce suivi, médecins ou simplement professionnels de santé (secrétariats, etc.), toutes ces personnes étant engagées au secret médical ; en bref, ils considèrent que le bénéfice du partage dépasse l’inconvénient du risque lié au partage. Ce qui est dit dans cette étude est donc à relativiser chez nous compte tenu de notre culture plus exigeante sur la protection des personnes (mais quid du nouveau décret sur la télémédecine et de ses implications sur ce point particulier ??).
L’étude présentée nous vient des USA où la question du suivi téléphonique médical est donc plus sur le ‘comment faire’ que sur le ‘peut-on le faire ?-.A cette fin, une cohorte de 174.120 patients (volontaires) souffrant de pathologies variées à potentielle évolution sévère (diabète, maladies cardiaques, etc.) a été répartie en deux groupes de suivi téléphonique équivalents en tous points: l’un ayant un simple suivi téléphonique d’information, et l’autre un véritable coaching médical. Les deux indicateurs mesurés à 1 an sur l’effet sont (i) des indicateurs d’aggravation objective des pathologies (bilan sanguin, complémentaires) et (ii) le nombre d’hospitalisations.
Le coaching est fait par une équipe, dont la composante médecin est minoritaire, n’intervenant que pour des points réclamant l’expertise du médecin.
Résultats : le groupe coaché est significativement moins consommateur du système médical tout en garantissant une meilleure santé aux patients : la consommation pharmaceutique moyenne du groupe coaché est 3,6% inférieure au groupe non coaché, avec 10,1% hospitalisation en moins, moins de complications, et un profil médical global bien meilleur sur chaque pathologie.
Une étude très intéressante au moment où la France sort son décret sur la télémédecine.