La santé est un monde complexe, en continuelle évolution. Les ambitions ne manquent pas, mais sont loin d’être toutes compatibles voire réalistes.
On veut plus de performance, plus de qualité, plus de sécurité, à un coût maîtrisable. On veut aussi accompagner une innovation galopante, reconsidérer en profondeur le système. En même temps, les professionnels ont leur propre agenda social, en recherche de reconnaissance, de qualité de vie et de rémunération équivalente aux autres citoyens. Sans parler que les échelles de temps de toutes ces ambitions sont multiples et souvent en conflit.
L’article analyse la nature de ces conflits d’ambition, en propose une typologie et un cadre sinon de résolution parfaite, au moins d’atténuation des conséquences les plus fréquentes et les plus néfastes pour les différentes parties (patients, professionnels, innovations et système médical dans son ensemble).
Les auteurs proposent 4 recommandations :
- Faire l’effort de lister ces ambitions à un moment donné et pour un lieu donné (hôpital, service), comme on le fait dans une cartographie des risques, et accepter l’idée même qu’elles vont entrer en collision et que ces conflits doivent être anticipés en nature et en intensité par des méthodes rigoureuses (qui existent et sont décrites dans l’article).
- Résister à afficher des ambitions irréalistes ou céder à des accélérations opportunistes et circonstancielles d’une seule ambition car c’est souvent la cause de la condamnation de beaucoup d’autres ambitions, et au final l’assurance d’un résultat bien plus négatif que prévu.
- Développer des solutions de compromis pour gérer le parallélisme des ambitions (une série de propositions concrètes dans l’article).
- Ne pas afficher des ambitions dont on n’a pas les moyens, qui seront arrêtées en cours de route ou dévoyées au prix d’une frustration générale et d’un contre effet sur les acteurs du système. En bref, il faut se donner des directions et ambitions dans toutes les directions utiles, mais il est presque aussi important de rester pragmatique et ancré dans la réalité du contexte, et d’accepter l’existence inéluctable des conflits entre ces ambitions. On dispose aujourd’hui de cadres conceptuels pour mieux se préparer à identifier et gérer ces conflits ; il faut les utiliser.