Une femme de 43 ans consulte un centre dentaire pour la mobilité d'une canine de lait. Une extraction ainsi qu'un traitement orthodontique lui sont prescrits. Après avoir formalisé son accord pour ces interventions, elle s'inquiète de l'évolution de sa dentition.
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Pour compenser l’agénésie d’une incisive latérale maxillaire, chaque cas clinique est différent. Etablir des règles est impossible. [1]
La patiente choisit la fermeture des espaces pour éviter un traitement implantaire et obtenir par la même occasion l’alignement d’une autre dent en malposition. Le traitement est plus complexe que celui qui consistait à poser un implant (ou un autre type de prothèse [1-5] ) sur le site édenté. Le choix d’un traitement orthodontique sans prothèse permettait également de s’affranchir du renouvellement prothétique prévisible bien que le résultat esthétique et fonctionnel soit inférieur.
La communication entre les intervenants a visiblement été défaillante. Les consignes qui ont été données à l’orthodontiste ont été insuffisantes et mal interprétées. L’annotation de « traitement orthodontique visant à compenser l’édentement » laisse le choix à plusieurs alternatives orthodontiques. Le traitement choisi par l’orthodontiste était :
- Indiqué et conforme,
- Le plus simple d’un point de vue strictement orthodontique,
- Le plus satisfaisant d’un point de vue esthétique et fonctionnel quant au résultat attendu,
- Non partagé par son confrère et la patiente.
Il aurait été souhaitable que :
- Le dentiste demande à son confrère un avis préalable sur les différentes possibilités orthodontiques (nature et objectifs), dont c’est la spécialité, et valide à son tour le choix retenu.
- L’orthodontiste soit impliqué de façon active dans cette prise de décision [5].
- L’information donnée par l’orthodontiste soit complète, et qu’il rappelle qu’à l’issue du traitement orthodontique un dispositif prothétique est nécessaire.
- Une étude des ratios coût-bénéfice-risque soit réalisée [4].
A noter qu’une simulation par images de synthèse a été montrée à la patiente. Sur cette présentation la dent absente apparait en grisé. La patiente ne s’est intéressée qu’au résultat. Séduite par l’alignement dentaire qu’elle allait obtenir, l’intéressée n’a à aucun moment interprété que la dent grise était une dent artificielle.
Articles en français et en anglais :
1. Le Gall, M., M. Philippart-Rochaix, and C. Philip-Alliez, "Échec dans la réhabilitation antérieure en cas d'agénésies des incisives latérales maxillaires", Orthod Fr, Volume 87 n°1 p. 59, 2016. (French). "Failure in anterior rehabilitation of agenesic maxillary lateral incisors". (English)
2. Hervy, B. and M.L. Gall, Agénésie(s) d'incisive(s) latérale(s) maxillaire(s) : la solution implantaire n'est pas un dogme, respect des indications. (French). Orthodontie Française, 2017. 88(1): p. 113
3. Samama, Y., S. Menceur, and H. Bouniol, "L’agénésie des incisives latérales maxillaires : données actuelles sur les solutions thérapeutiques en cas d’ouverture des espaces". Int Orthod, 2005. Volume 3 n°2 p. 115-127
4. Poulet, H., C. Poulet, and C. Poulet, "Agénésies d'incisives : changer de paradigme Étude d'une population orthodontique Cas cliniques". (French). Revue d'Orthopédie Dento-Faciale, 2014. 48(3): p. 267
5. Muller, C., "Agénésies des incisives latérales : revoyons nos pratiques". Int Orthod, 2015. 13(4): p. 525-538.