Patiente de 42 ans, ayant de lourdes charges familiales et décrite comme habituellement anxieuse (rapport d’expertise). Tabagisme à 10 cigarettes / jour depuis l’âge de 16 ans. Régulièrement suivie en médecine du travail. Elle consulte un premier médecin pour asthénie, toux et frissons.
Patiente nomade et infidèle consultant 3 médecins... 3 ratés par manque d’interrogatoire ?
Assignationdes 3 médecins généralistes par la patiente en réparation du préjudice qu’elle estimait avoir subi (2006).
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Se fondant sur un article paru dans la revue « THÉRAPEUTIQUE », l’expert, professeur des universités chef de service de pneumologie, rappelait qu’ : « (…) Entre les premiers symptômes et l’affirmation du diagnostic de tuberculose pulmonaire, il s’écoulait en moyenne une durée de 108 jours soit plus de 3 mois ½ (…)». Il considérait, donc, dans le cas de la patiente, qu’: « (…) Un retard diagnostique pouvait être reconnu à partir du 7 mai, ce retard atteignant 3 mois, début août (…)». Il ajoutait : «(…) Ce retard diagnostique avait conduit à un développement plus important de la tuberculose de la patiente qui, au moment de sa reconnaissance, était sévère. Cette tuberculose avait cependant bien guéri, avec toutefois des séquelles fonctionnelles importantes mais sans retentissement sur l’oxygénation artérielle (…)».
L’expert concluait que : «(…) Autant, initialement, une antibiothérapie non spécifique était tout à fait justifiée, autant à partir de mai, lorsque la patiente avait, à nouveau, consulté (près de 3 mois ½ après), les soins prodigués n’avaient pas été conformes aux règles de l’art et aux données actuelles de la science et ils l’étaient restés jusqu’au début du mois d’août, date de l’hospitalisation de la patiente (…) ».
IPP estimée à 12 %.
Les magistrats estimaient que : « (…) Le point clé, pour apprécier s’il y a eu un retard de diagnostic fautif, est la durée qui s’écoule entre l’apparition des premiers symptômes et l’affirmation du diagnostic de tuberculose. Selon l’expert, il est, en moyenne, de 3mois 1/2 …Il n’appartient pas au Tribunal d’entrer dans une discussion technique hors de ses compétences au sujet de ces conclusions expertales. Il n’y a donc pas lieu d’ordonner de contre-expertise…
Les consultations chez le Dr B des 7 et 10 mai sont à la limite de la fin du délai de diagnostic de la tuberculose pulmonaire et, compte-tenu de la marge d’incertitude, il ne saurait être reproché aucune faute au Dr B.
En revanche, lors des consultations du 15 juillet chez le Dr A et des 23 et 29 juillet chez le Dr C, le retard de diagnostic est patent et fautif, surtout lorsque l’on sait que le 3 août aux urgences du CHU, il a suffi d’une radiographie pulmonaire pour faire immédiatement le diagnostic…
Par ailleurs, rien ne prouve que la patiente ait caché des informations aux médecins qu’elle a consultés, comme ceux-ci tentent de le faire croire (…)»
La perte de chance, pour la patiente, de soins plus précoces et d’une maladie moins grave était évaluée par les magistrats à 10 %.
Condamnation des Drs A et C à verser à la patiente, in solidum, la somme de 5 350€.
Sur appel de la patiente et des deux médecins généralistes condamnés, la Cour rappelait que : «(…) Le délai de 108 jours retenu par l’expert entre les premiers symptômes et l’affirmation du diagnostic n’était qu’un délai moyen, ce qui signifiait que certains diagnostics étaient plus précoces et que d’autres étaient plus difficiles …Il ne peut être considéré, par un raisonnement purement théorique, que le médecin qui voit le patient le 107ème jour ne peut diagnostiquer la tuberculose alors que s’il le voit le 109ème jour, l’absence de diagnostic est nécessairement fautive…
Surtout, aucun élément médico-légal ne permet de considérer que si le diagnostic avait pu être établi dès le 15, le 22 ou le 29 juillet, les séquelles fonctionnelles n’auraient pas été les mêmes et qu’une aggravation significative s’est produite pendant la très courte période qui a séparé ces consultations, de la découverte de la tuberculose, le 3 août… »
La Cour d’appel confirmait le jugement entrepris en ce qu’il avait débouté la patiente de sa demande contre le Dr B et le réformait pour le surplus, déboutant la patiente de l’ensemble de ses demandes envers les trois médecins généralistes qu’elle avait consultés