Kralj, B., Islam, R., & Sweetman, A. (2024). Long-term trends in the work hours of physicians in Canada. CMAJ, 196(11), E369-E376.
Les heures de travail ouvertes aux patients des médecins sont à la fois une donnée essentielle de Qualité de vie, et une clé de l’accès aux soins. La façon de bien les planifier est essentielle pour le bénéfice de tous.
Cette étude évalue l’évolution dans le temps de 1987 à 2021 de ces heures ouvertes aux patients.
Globalement, les heures de travail hebdomadaires consacrées aux patients des médecins canadiens sont restées stables entre 1987 et 1997, puis ont diminué de 6,9 h/semaine pour passer de 52,8 heures dans la période 1987-1991 à 45,9 heures dans la période 2017-2021. Les médecins hommes ont ralenti notablement après 1997 rejoignant le temps de travail moyen des médecins femmes qui était resté plutôt en plateau à 45 h/semaine.
Les heures de travail des médecins mariés ont décliné significativement de 7,4 h/semaine (p = 0.001), bien plus que pour les médecins non mariés (réduction de 2,2 h/s) (p = 0.3).
Le Covid a joué le rôle d’une parenthèse, les médecins revenant pendant la pandémie aux horaires avant Covid, plutôt plus vers le plus que vers le moins travaillé.
Globalement encore, cette réduction du temps de travail s’est accompagnée d’une revalorisation des actes qui a suivi le chemin inverse et a clairement augmenté sur la même période.
Ces résultats sur le long terme montrent un clair changement de préférence de travail des médecins canadiens, cherchant plus de temps libre et privé que jadis. Cette donnée doit être prise en compte dans le recrutement et le remplacement des générations à venir, surtout si la tendance continue à s’amplifier, ce qui n’est pas sans poser d’autres questions sur l’attractivité de la profession.
L’ajustement à faire peut-être tout à fait conséquent quand il est ramené au nombre total de médecins. Ce paradoxe se lit déjà puisque le nombre absolu de médecins en situation de travail a (nettement) augmenté sur la même période au Canada alors que la disponibilité absolue aux patients s’est réduite.
Rappelons évidemment que ce temps de travail joue directement sur la qualité de l’accès aux soins pour les patients. Ce point renvoie aussi à une ambiguïté récurrente dans le calcul des heures de travail entre heures totales de travail et heures réellement consacrées aux soins, avec un poids croissant du temps administratif qui réduit encore la disponibilité clinique.
Un sujet brûlant, et pas que canadien…
Des chiffres concrets à mettre sur une réalité sociétale importante à considérer mais encore tabou quand on parle de sous-effectifs. Le temps de travail de chacun ne cesse de décroître.