Moreyra, A. E., Mehta, C., Cosgrove, N. M., Zinonos, S., Sargsyan, D., Gold, A., ... & Kostis, W. J. (2024). Factors influencing the indication of coronary angiography in patients presenting with chest pain unspecified : an analysis of two decades (1994–2014). International Journal for Quality in Health Care, Volume 36, Issue 1, 2024, mzae012.
Les recommandations pour les cathétérismes cardiaques, particulièrement pour les angiographies coronariennes chez des patients asymptomatiques laissent l’acte largement à la discrétion des professionnels, ce qui évidemment donne lieu à une très grande dispersion de pratiques et un très grand nombre d’examens "normaux". La surutilisation de ces techniques chez des patients asymptomatiques (sans douleurs thoraciques) est une source de non-qualité, avec des risques inutiles d’événements indésirables, et un surcoût pour le système de santé.
L’équipe de cardiologues auteurs de cet article, travaillant dans le New Brunswick aux États-Unis, propose une analyse rétrospective régionale étalée sur 20 ans (1994-2014) destinée à mieux évaluer les causes à ces mauvaises pratiques, en prenant en compte les éléments démographiques, socio-économiques et géographiques.
Un total de 107 795 patients asymptomatiques au moment de l’examen, recueilli sur 20 ans, provient du registre régional des maladies cardiaques (base de l’État du New Brunswixk – Myocardial Infarction Data Acquisition System).
Les dossiers sont répartis en deux groupes :
Les résultats montrent une différence de traitement selon la couleur de la peau : les patients blancs ont plus souvent une prescription d’AC (19,7 % vs 5,6 % pour les patients à peau noire).
On note aussi un effet hôpital, plus le patient va dans un grand hôpital, plus il a de chance d’avoir une prescription d’AC (12,5 % pour une grand hôpital régional vs 9,7 % dans un hôpital local, et 8,9 % dans un petit hôpital rural). C’est encore plus vrai avec un CHU par rapport à un centre spécialisé périphérique (16,1 % vs 9,1 %). Enfin, les patients bien assurés se voient plus facilement prescrire l’examen d’AC (13,7 % vs 6 %).
Un éclairage triste sur les méfaits d’une médecine trop prompte à facturer ses services en faisant peur aux patients riches.