Weaver MD, Landrigan CP, Sullivan JP, et al National improvements in resident physician-reported patient safety after limiting first-year resident physicians’ extended duration work shifts: a pooled analysis of prospective cohort studies BMJ Quality & Safety 2023;32:81-89.
L’organisme américain en charge de la formation et (re) accréditation des médecins (Accreditation Council for Graduate Medical Education - ACGME) avait introduit en 2011 une interdiction fédérale pour les internes de travailler plus de 16 heures d’affilée dans les hôpitaux, intervenant ainsi directement dans le débat sur la fatigue au travail de ces jeunes professionnels et le risque supposé accru d’erreurs commises au détriment des patients pris en charge.
À la suite de cette loi, plusieurs résultats contradictoires ont montré que la limitation des heures avait des effets pervers, notamment dans le contexte de manque d’internes en privant les patients d’une présence médicale pour cause de récupération des professionnels. L’effet était jugé bon pour la santé des internes, mais finalement mauvais pour la sécurité du patient, et la loi a été suspendue en 2017.
Cette étude réexamine le bilan de l’effet de cette mesure a posteriori avec un protocole "avant/après", comparant fatigue et taux d’erreurs sur les patients sur une période de 5 ans antérieure à la décision (2002-2007) à une période de 3 ans postérieure à la décision (2014-2017).
Le travail porte au total sur 14 796 internes et 78,101 mois d’observation.
Après imposition de la durée maximale de travail et après ajustement des données, le taux des erreurs graves a été réduit de 32 % en moyenne (OR : 0.68; 95 %, 0.64 - 0.72), celui des déclarations d’événements indésirables évitables (EI) imputés directement aux internes de 34 % (OR : 0.66; 95 %-0.59-0.74), et celui d’implication directe dans un décès de 64´% (OR 0.37; 95 %, 0.28-0.49).
Ces résultats, publiés dans un grand journal, semblent remettre en cause les opposants à cette réforme temporaire et pourraient contribuer à la rétablir.
Comme quoi les bonnes idées un peu révolutionnaires mettent du temps à s'imposer contre l'avis de nombreux opposants...