Nous vous présentons un cas de péritonite après une césarienne ayant entraîné la mort de la génisse, alors que l'intervention de chirurgie obstétricale s'était déroulée dans des conditions optimales.
Dans un élevage très bien conduit (logement, alimentation, hygiène, soins), une génisse charolaise présente un part dystocique par disproportion fœto-pelvienne.
Le diagnostic en est rapidement établi par l’éleveur lui-même et confirmé par le vétérinaire, immédiatement appelé et intervenu sans délai. La césarienne est décidée sans la moindre tentative d’extraction forcée.
Elle a lieu dans une dépendance de la stabulation libre (box de vêlage), parfaitement adaptée et aménagée ; les conditions de propreté et de confort opératoire pour l’animal, le praticien et l’éleveur sont tout à fait satisfaisantes.
Au 5e jour, anorexie et hyperthermie. Une péritonite infectieuse est diagnostiquée le lendemain par le praticien rappelé par l’éleveur.
Un traitement antibiotique et anti-inflammatoire classique est mis en œuvre mais l’état de l’animal empire dans les jours qui suivent.
Au 23e jour, pour des raisons de protection animale, l’euthanasie est pratiquée ; elle est suivie d’une autopsie : le diagnostic anatomopathologique est celui d’une péritonite séro-fibrineuse ; aucun facteur causal n’est identifié, notamment dans la réalisation des sutures. Aucune faute n’est relevée à l’encontre du praticien.
L’événement est manifestement indésirable et grave (EIG) en ce sens qu’il est totalement inattendu par l’éleveur et son vétérinaire, à la suite d’une intervention de chirurgie obstétricale qui s’était déroulée dans des conditions optimales et sans incident peropératoire.
Ce cas clinique est là pour rappeler qu’en chirurgie obstétricale bovine l’aléa est toujours présent et qu’on ne peut expliquer tous les échecs par une erreur, voire, comme parfois la tentation est grande, par une faute du praticien.
Une opération césarienne ne se pratique pas en effet dans un bloc opératoire stérile mais dans le milieu microbien d’une étable et les résultats obtenus (mortalité inférieure à 1 %) constituent déjà une prouesse. La démarche aseptique ne peut être ici qu’une démarche tendancielle, aussi exigeante soit-elle. La notion de risque accepté doit être gardée à l’esprit.
La césarienne de vache est en cause dans environ la moitié des sinistres déclarés aux assurances en charge de la couverture en responsabilité civile des vétérinaires ruraux.
Ce cas clinique est à opposer aux deux cas très particuliers déjà traités sur le site de La Prévention Médicale :
Rappel des principales erreurs techniques, généralement fautives, à l'origine d'échecs opératoires
- Suture utérine insuffisamment occlusive.
- Hémostase utérine insuffisante (cotylédon sectionné notamment).
- Ponction accidentelle du rumen, non repérée, non réparée.
- Ponction ou déchirure d’une anse intestinale non repérée, non réparée.
- Infection ou abcès de paroi, à la suite de fautes d’asepsie…
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