Le choc anaphylactique est la manifestation la plus sévère de l'allergie ; dans 60 % des cas, une allergie alimentaire en est responsable. Du fait de la possibilité d'allergies croisées, la vigilance est de mise lorsqu'une patiente allergique connue est hospitalisée en maternité.
Mme G. est une 3e pare de 33 ans à J2 de son accouchement. Elle n'a pas d'antécédents médicaux ni chirurgicaux particuliers, mais signale avoir récemment découvert une allergie au latex (réaction type urticaire géant). Elle a déjà accouché deux fois par voie basse, à terme, d'enfants en bonne santé et de poids normaux.
Pour cette 3e grossesse, le suivi a été sans particularité, le travail a commencé spontanément à 39 SA+3j, l'accouchement a lieu à 16 h par voie basse. Un petit garçon de 3500 g naît, d'Apgar 10/10. Le post-partum immédiat se déroule sans encombre et la patiente regagne sa chambre en maternité vers 18 h 30.
L'agent de service hospitalier (ASH) accueille la patiente à son arrivée car c'est l'heure du repas : la patiente ne décrit pas de régime alimentaire particulier. Rien n'est mentionné dans le dossier médical de la patiente. L'ASH délivre alors à 18 h 45 un plateau repas composé d'une salade verte, d'une cuisse de poulet avec du riz, d'un yaourt et de 2 kiwis. À 19 h 15, la patiente sonne : la sage-femme du service se rend dans sa chambre, la patiente lui signale des douleurs au ventre "comme des contractions" et une sensation de picotement dans la gorge. La sage-femme réalise un examen clinique qui est normal, l'utérus est tonique et douloureux à l'expression, les saignements sont physiologiques ; elle va chercher le tensiomètre : la pression artérielle est à 110/58, le pouls à 100. La sage-femme propose à la patiente d'aller lui chercher des antalgiques, la patiente accepte. Après avoir été chercher 1 comprimé de paracétamol et 50 mg de kétoprofène, la sage-femme revient dans la chambre, la patiente est plus pâle, décrit une sensation de gonflement dans la gorge avec une impression de difficulté à respirer : la PA est alors à 85/45 le pouls à 120. La sage-femme allonge alors immédiatement la patiente sur son lit et appelle l'anesthésiste-réanimateur (ARE) en urgence. La patiente n'arrive alors plus à parler et porte ses mains à la gorge. Dans le même temps, voyant que la PA continue de chuter (70/40), elle demande à une collègue d'apporter le chariot d'urgence dans la chambre. L'ARE arrive rapidement, la sage-femme lui relate les symptômes de la patiente et son allergie au latex ; elle transmet aussi que la patiente vient de manger et aperçoit les kiwis évidés sur le plateau.
L'anesthésiste demandera un transfert pour la nuit en USC se trouvant sur un site différent pour poursuivre la surveillance de la patiente. Elle regagne sa chambre en maternité le lendemain soir et sort 48 heures plus tard avec des tests à faire chez un allergologue. |
L'équipe médicale et les cadres du service ont souhaité une analyse de cet EI dans le cadre d'une démarche de gestion des risques. Une analyse de risque a posteriori est donc réalisée.
Les données analysées proviennent des éléments recueillis au préalable auprès des professionnels de santé qui sont intervenus dans la prise en charge. La méthode ALARM est retenue.
Choc anaphylactique dans un contexte d'allergie croisée kiwi/latex.
Voir "Les principaux types d'allergies croisées" sur le site ALK.fr
Le choc anaphylactique est une urgence médicale absolue : la prise en charge doit donc être extrêmement rapide et adaptée, encore faut-il reconnaître les signes cliniques dans un contexte pas toujours évident.
La formation régulière de tous les agents de la prise en charge hospitalière est alors essentielle, ainsi que la présence de réanimateurs sur place et de matériel d'urgence accessible facilement.