L’utilisation des aimants en préventif ne garantit pas une prévention absolue du risque de perforation liée à l’ingestion de corps métalliques. Néanmoins, lorsque l’administration est prescrite, elle doit être réalisée par un professionnel expérimenté, avec un dispositif adapté, et être accompagnée de préconisations de surveillance dans un contexte de communication et de confiance ente le praticien et l’éleveur.
Une heure après le pansage du soir, un éleveur remarque l’agitation d’une de ses vaches laitières dont par ailleurs il trouve le comportement quelque peu modifié depuis le matin, bien qu’elle ait mangé et produit assez normalement son lait à la traite du soir.
Les faits se déroulent un dimanche soir et même de nuit, en période de service de garde. L’éleveur appelle ses vétérinaires et souhaite leur visite. Il prononce le terme de coliques pour décrire les symptômes présentés par son animal. Le praticien de garde lui répond et, après un premier échange permettant de recueillir les commémoratifs, il est d’abord convenu avec l’éleveur, qui souhaitait avant tout que le vétérinaire procède à une détection magnétique de corps étranger métallique dans le réseau ou le rumen, de reporter au lendemain l’examen de l’animal.
Toutefois l’habitus de l’animal lui paraissant inquiétant, l’éleveur téléphone à nouveau une demi-heure plus tard pour demander cette fois la visite du vétérinaire en urgence.
Celui-ci, sur place, privilégie, parmi les hypothèses diagnostiques, la présence d’un corps étranger métallique mais il émet, au vu de l’importante tachy-arythmie de l’animal, un diagnostic de début de péricardite traumatique, au stade non exsudatif, avec éréthisme cardiaque. Il annonce un pronostic très sombre et la mort hautement probable de l’animal à très court terme.
Malgré l’inefficacité reconnue des aimants dans ce cas de figure, il cède à la pression de l’éleveur et fait ingérer à l’animal un aimant.
L’état de la vache, revue par les vétérinaires, se dégrade sur trois jours : elle meurt un peu plus lentement que les vétérinaires ne l’avaient prédit. L’éleveur retrouve dans la litière, après la mort de l’animal, l’aimant que la vache était censée avoir dans ses pré-estomacs.
Il mettra en cause sans succès la responsabilité du praticien. Aucune autopsie n’aura jamais été pratiquée.
L’hypothèse diagnostique retenue reste celle prononcée en première intention : une péricardite initiée par un corps étranger métallique ayant perforé le réseau puis le diaphragme et irritant le péricarde, provoquant son inflammation n’ayant pas eu le temps d’évoluer vers le stade exsudatif, compte tenu des graves troubles du rythme immédiatement induits.
L’événement indésirable pour l’éleveur est le rejet de l’aimant, régurgité par l’animal dans les heures ou jours suivant sa mise en place. Ce rejet est intervenu dans le cadre d’un déficit de confiance dans le praticien intervenu en urgence.
En effet, il ne disposait pas du détecteur magnétique de corps étranger ferreux, il avait administré l’aimant à la main sans se servir d’un pistolet lance-aimant et il était connu comme le moins spécialisé en médecine bovine des vétérinaires associés.
Références
"Les complications des corps étrangers chez les bovins" - Littoral normand
"Affections liées à l'ingestion de corps étrangers chez les bovins" (PDF) - Analyse descriptive des autopsies réalisées à l'envt entre 2009 et 2019
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