Les barrières de sécurité, lorsqu’elles sont mises en œuvre et appliquées, permettent de récupérer des erreurs qui pourraient avoir des conséquences graves. Les contrôles multiples sur un même point de vigilance peuvent paraître redondants, mais ils permettent également de corriger un système défaillant. Illustration avec cette erreur d'identité en PMA.
Mme V. rencontre des difficultés pour débuter une grossesse…
Avec son conjoint, elle consulte son gynécologue obstétricien qui leur propose de faire un bilan de stérilité, stratégie acceptée par le couple.
Les différents examens réalisés montreront une anomalie tubaire chez la patiente, avec des trompes de Fallope non perméables dans un contexte d’infections génitales recensées dans les antécédents de la jeune femme.
La cœlioscopie exploratrice réalisée dans le cadre de ce bilan de fertilité a également montré qu’une intervention chirurgicale pour les reperméabiliser s’avère compliquée. Le praticien spécialiste explique au couple qu’un traitement chirurgical est possible, mais avec des chances modestes de réussite.
Il propose de recourir aux techniques de procréation médicale assistée (PMA), et plus précisément à une fécondation in vitro (FIV). Les informations nécessaires à la bonne compréhension de cette solution sont données. Le couple accepte alors cette proposition.
Les éléments des différents examens étant favorables, le protocole est lancé :
Rapidement, les investigations menées montreront que deux patientes, portant le même nom, bénéficiaient du même protocole, et que la seconde patiente devait bénéficier de son prélèvement d’ovocyte le lendemain. L’IDE du secteur ambulatoire avait validé le mauvais dossier…
Cette erreur d’identité a été signalée, via le système de signalement, à la cellule d’identitovigilance qui a fait le nécessaire pour récupérer l’erreur au niveau des données patient.
Cette erreur d’identité n’a pas eu de conséquences graves pour la patiente, car elle a été totalement récupérée.
Néanmoins, les équipes soignantes impactées par cette erreur sont choquées des impacts potentiels de cet événement indésirable.
La Cellule d’IdentitoVigilance (CIV) décide de réaliser une analyse de cet incident afin de pouvoir relayer aux équipes les facteurs contributifs identifiés qui ont permis la genèse de cette erreur et initier une démarche pédagogique en partage.
L’objectif de ce retour d’expérience est donc de comprendre le mécanisme de cet événement et d’éviter de renouveler ce type d’incident dans l’avenir.
Une analyse de risque a postériori est donc réalisée.
Dans cette analyse, seuls les éléments contributifs à la recherche des causes conduisant à cette erreur seront recherchés. La méthode ALARM est retenue.
Les données analysées proviennent des éléments recueillis au préalable auprès des professionnels de santé qui sont intervenus dans la prise en charge de cette patiente : recueil réalisé lors d’entretiens individuels, analyse de documents, lecture du dossier.
Cause immédiate
C’est la technicienne de laboratoire qui a détecté l’erreur d’identité lors des contrôles attendus à l’arrivée des prélèvements.
Causes profondes
En résumé
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Partant de cette analyse, il est important de mettre en évidence les barrières de défenses qui ont été déficientes.
Barrière qui a détecté l’incident
Barrières qui n’ont pas fonctionné et qui ont permis l’incident
En parallèle à cette analyse, une enquête sur la QVT des professionnels a rendu ses conclusions. Elles ont fait prendre conscience à la Direction Générale (DG et DGA qui viennent d’arriver) des faiblesses de leur politique de gestion des ressources humaines, car les charges de travail ont été décrites comme trop lourdes, ne permettant pas le respect des procédures de la structure de soins.
Le mode dégradé de la politique d’identitovigilance est un exemple parmi d’autres des conséquences de l’absence d’une culture de sécurité efficiente.
Il a été décidé d’étudier la mise en œuvre de plusieurs pistes d’améliorations :
Ces pistes d’amélioration retenues le sont dans un contexte général dégradé, les autres actions d’amélioration le seront au fur et à mesure des revues des EI déclarés, revue qui sera hebdomadaire pour plus de réactivité.
L’interruption de tâche reste un sujet sensible à prendre en compte, parce qu’elle est un facteur contributif à l’erreur de manière générale, à l’erreur d’identitovigilance en particulier…
Les contrôles multiples, pour les thématiques de sécurité, doivent devenir la règle, comme l’a bien décrit James REASON. C’est collectivement que la politique de sécurité d’une structure de soins pourra atteindre un niveau optimal… condition pour que les soignés bénéficient d’une haute qualité dans les soins et les soignants dans leur vie professionnelle.